J’avais noyé le poisson et bien d’autres choses aussi qui ne sont jamais remontées à la surface.
Le temps a fait son œuvre lentement, je suis devenu un expert dans mon domaine et j’ai toujours réussi à me préserver des tracasseries jusqu’ici.
Je commençais même à me lasser, je prenais de plus en plus de risques. Je savais qu’un jour ou l’autre je ferais une erreur qui me serait fatale.
Je n’ai pas conservé un souvenir très précis de l’instant où tout a basculé. C’est venu à la fois rapidement et très progressivement. J’avais baissé ma garde et je m’étais laissé porter par un sentiment que je découvrais pour la première fois. Il m’était arrivé de le simuler pour arriver à mes fins, mais là c’était différent, je prenais conscience que ce que je ressentais n’avait rien à voir avec tout ce que j’avais pu connaître auparavant. Je n’étais pas pour autant complètement désemparé car toutes ces émotions que je commençais à ressentir je les avais très souvent observées chez mes proies. La peur, l’angoisse, les sueurs froides, tout cela je connaissais, de même que chez certaines de mes victimes un sentiment proche de l’amour s’était développé et cela avait exacerbé mon penchant naturel à les faire souffrir sans remords.
C’était à mon tour de souffrir, d’éprouver des sentiments et des émotions et la raison que je n’osais encore m’avouer qu’avec difficulté était que j’étais tombé amoureux.
Moi Saraba, sociopathe, j’étais amoureux. Amoureux fou d’une femme qui me torturait avec une délicieuse perversité et qui me faisait perdre mes moyens. Depuis que je la connaissais, nous nous étions rencontrés sur internet, elle se dérobait régulièrement avec le sourire à tous mes assauts. De chasseur, j’étais devenu victime consentante. Je ne sais pas comment elle avait réussi ce tour de force, mais elle avait cette capacité extraordinaire, en quelques mots, à faire refluer toute mon agressivité pour me transformer en un petit agneau bêlant et apeuré devant le loup.
J’essayais bien de résister, de retourner la situation à mon avantage, mais rien n’y faisait à chaque fois c’était pareil je me livrais un peu plus à elle. Elle avait facilement décelé que mon mariage n’était qu’un artifice et que derrière cette respectable façade il y avait un lourd secret que je portais en moi depuis des années. Elle me parlait de confiance, de respect de l’autre, d’acceptation de la différence. Elle m’encourageait à assumer ce que
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