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Soupir de soi

Nouvelles 14 décembre 2007
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Je leur faisais peur, et pourtant j’étais pour elles aussi séduisant qu’un halogène l’est pour un moustique ; elles ne pouvaient s’empêcher de s’afficher avec moi. Cela me convenait assez bien et cadrait avec ma stratégie qui consistait à faire profil bas sur ma vraie nature. Je passais donc pour un Dom Juan qui collectionnait les petites amies et aucune n’aurait jamais osé avouer qu’elle n’avait pas couché. Au contraire on m’imputait bon nombre de défloraisons tandis que les jeunes boutonneux rêvaient de me massacrer sans avoir le cran de le faire.
Les années passèrent, émaillées de quelques petits accidents de parcours définitifs pour certaines personnes qui s’approchaient un peu trop de moi. Je me montrais extrêmement prudent et je n’utilisais jamais le même mode opératoire. J’avais très vite pris conscience que pour tuer en toute impunité il me suffisait de copier les quelques crétins qui faisaient la une des faits divers.
Le bac, une école de commerce avec à la clé un poste d’ingénieur commercial pour assurer l’alimentaire et donner le change. Je me mariais aussi, sans amour ni haine. Ma femme, comme moi, était une enfant de l’assistance sans attache, ni famille. Elle avait été violée par son beau père et elle l’avait raccourci à cette occasion de plusieurs centimètres faisant tomber le gland du chêne comme elle se plaisait parfois à le dire. Notre couple était finalement pas trop mal assorti, tous les deux nous ne manifestations qu’un appétit modéré pour le sexe, j’étais absent le plus souvent pour mes déplacement tant en France qu’à l’étranger et notamment au Japon où ma froideur et mon cynisme à peine dissimulés passaient pour un professionnalisme extrême. Ma femme s’arrêta de travailler à la naissance de notre premier enfant, un garçon, qui fut suivi par deux autres, coup sur coup. Cinq ans de mariage, trois enfants, un mari par monts et par vaux, une femme au foyer. Avec trois enfants et un mari absent, elle a du courage, disait-on de nous. Pour beaucoup on donnait donc l’image d’une famille sans histoires, nous sortions peu et seulement avec les enfants.

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