Bon, j’en suis là... Je m’emmerde depuis deux plombes avec de la mauvaise bouffe dans l’assiette et de mauvais voisins à table. Sur douze convives, il fallait que je tombe sur ces deux là : une blonde évaporée dont je n’ai pas retenu le prénom (elle non plus ?) qui ne dit rien, ne mange rien, ne regarde rien, ne bouge pas - depuis un quart d’heure, je pense même qu’elle est morte mais il n’est pas question d’en parler aux autres avant le dessert, même si cela mettrait un peu d’animation, un peu d’excitation, avec l’arrivée des flics, des pompiers, de la morgue, des experts, tout ça ... - et puis cette "connassedeSéverine" qui est à ma vie ce que l’hémorroïde est au trou du cul, truc qui gratte, démange, dérange et ne s’en va qu’après de trop longues heures de souffrance. Malheureusement, la "connassedeSéverine" est la meilleure amie de Catherine, du moins, sa plus ancienne, elles se sont rencontrées à la maternelle et organisent depuis une amitié qu’on pourrait mettre à Sèvres. Je vous décrirai probablement un jour l’antagonisme radical qui explose entre cette connasse et moi (et pourquoi je la traite de connasse, ce qui n’est ni dans mes habitudes langagières, ni dans ma philosophie d’amant général et global de la gent féminine, mais pas maintenant.
Donc nous sommes six couples, sans enfants, autour de la table. Nous buvons modérément un vin modérément goûteux et la conversation, qui, à l’apéritif avait quelques reliefs, est retombée comme le soufflé à l’emmental Ed L’Epicier servi en entrée.