Un ciel empourpré incendie la terre et les hommes. Les arbres épuisés tendent leurs branches assoiffées vers les nues sèches et stériles.
Dans la savane sauvage, l’éléphant impassible côtoie la gazelle blonde et lascive. Les lions couchés dans les hautes herbes se reposent alors qu’à portée de griffes passe un troupeau de gnous. Mais l’heure n’est pas à la chasse, le temps parait comme suspendu dans l’immensité et l’harmonie naturelle.
Tout est silence.
Le soleil est haut, fort et redoutable, il brûle tout sur son passage.
Les femmes écrasent le mil en gestes réguliers et précis pendant que sur leur dos, bercés par le va et vient du corps de leurs mères, des enfants somnolent dans la torpeur du jour dont le zénith explose. Les hommes portent l’or de la vie dans de pesantes outres.
Il est midi.
Sous un arbre aux courbes torturées, un étrange animal remue tout doucement, un petit être fragile posé à même la terre chaude et poussiéreuse.
L’éléphant, en seigneur, se penche et de sa trompe protège des brûlures du soleil, la peau cuivrée et nue de la petite créature qui le regarde de ses grands yeux sans trembler un seul instant.
L’imposant et impressionnant pachyderme bouge les oreilles pour qu’un peu d’air rafraîchisse ce petit d’homme, si petit, si petit mais déjà si fort.
Une antilope au doux pelage vient poser son museau humide sur la joue de l’enfant trop tôt venue qui s’amusant de ce contact sourit aux anges, alors le fragile et gracieux animal se retourne et d’un regard fier baptise la petite fille : « Vive Liane ».
Comme une traînée de poudre, le nom de l’enfant se répand dans la savane, mais les animaux trop pressés d’apporter la bonne nouvelle transformèrent son prénom et c’est ainsi qu’elle devint Viviane.