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Thierry DE GRYSE

Nouvelles 24 mars 2008
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Trés chère inconnue,

Les intempéries me font prendre la plume. Ecrire est le seul moyen dont je dispose pour être un peu plus près de vous ce soir... Encore que ce ne soit pas tout à fait juste...
Ici, la neige tombe sans discontinuer. Si le vent d’Est s’est éteint ce matin, depuis, sous un roulis méthodique, quelqu’un ne cesse d’agiter un immense édredon troué comme une passoire.
Je vois, au dehors, dans une descente silencieuse, dentelle légère au commencement, d’innombrables flocons de plume, plus obstinés que des mules et qui recouvrent un peu plus encore la campagne d’un drap de plomb immaculé. J’entends, aussi, dans l’endormissement profond des bois, sous ce manteau devenu trop lourd, le déchirement plaintif de la forêt. Les arbres gémissent...

Nous nous éclairons à la bougie et à la sagesse des anciens du village. Ils disent qu’un nouveau coup de vent est annoncé en début de nuit, qu’il devrait balayer les nuages délestés de leur cargaison coton pour laisser place à un froid piquant.
J’ai le sentiment, purement et simplement, d’être au bout du Monde. Je ne crois pas un jour revivre pareil isolement. Mais à en juger il ne me déplaît pas non plus. La formule n’est peut-être pas très enlevée, apprendrez-vous sans doute un jour que je ne m’épanche guère, et sans talent lorsque je m’y aventure mais, sans cérémonie, je pense à vous...

Dire que l’on m’a envoyé ici pour des raisons professionnelles : conseiller cette main d’œuvre des pays de l’Est pour accroître déjà de substantiels profits dans notre cher hexagone. Sur l’usine de Tibilievski, là où se trouvent les chaînes d’assemblage, et où je devais transmettre notre savoir faire, les portes seraient fermées depuis trois jours. Je dis "seraient" parce qu’il est devenu illusoire d’espérer s’y rendre. Je tiens cela de la parole en écho d’un interprète qui partage mon baraquement. Comment l’a t-il appris lui-même ? Tous les moyens de communication sont défectueux ! Je n’en sais fichtre rien mais j’ai pu observer que les gens d’ici (le tiennent-il de leur communion avec la nature, aussi rude et sans concession soit-elle ?) développent un sens animal, sans perdre à une philanthropie dont il ignore même qu’elle puisse seulement s’enfermer dans un mot...

Je n’ai évidemment pas pu prendre contact avec le siège de l’entreprise sur Toulouse. Je suis donc dans l’attente et la suspension. .. Voilà qu’une mission impulsée par le Président Directeur Général se transforme, sous le dictat des caprices de la météo, en une retraite propice à l’introspection... Je glisse vers des songes auxquels je n’ai pas coutume. Je reviens, à l’instant même, de l’une de ces cavernes mystérieuses, où par des tunnels étroits, tortueux et qui m’étaient jusqu’alors parfaitement inconnus, vous conduit l’imprévisible rêverie...

Incrédule, descendu au fond de ce puits intérieur, dans les arcanes de ces profondeurs, je découvre que toutes mes pensées font chemin vers vous. Je sais, dorénavant, que se trouve au tréfonds de mon âme une grotte dont je connais seul l’accès et qui s’ouvre vers une salle magistrale... Je crois que c’est comme cela que parlent les spéléologues de ce genre d’endroit. Dans cette salle : un lustre de cristaux blancs et arborescents sur lequel le temps n’a pour seul effet qu’embellissement. Et puis un petit lac d’une eau pure, si pure qu’il épouse, sublime, ciselures et scintillements. Son miroir, dans un rythme séculaire, sous la chute d’une goutte d’eau qui tombe comme un baiser sans cesse renouvelé, se ride par intervalles... Que ce même miroir se lisse à peine et je vous y devine... Savez-vous sous quelle lumière tout cela s’éclaire ? De celle qui brille de l’Amour que j’ai pour Vous...

Il me vient, soudain, une expression que je trouve un peu grossière, voire un brin machiste, mais au fond pas plus nigaude que le ramassis lyrique auquel je me suis laissé aller : vous n’êtes peut-être tout simplement que la femme de ma vie... Sur cette parole dépouillée, puissiez-vous seulement la retoucher de votre simple et seule nudité, qu’il me tarde de très prochainement vous rencontrer...

Tendrement. Mais à ne pas vous y tromper...
Tibilievski, le 14 février 2008.

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