Une femme est tombée, entrainant dans sa chute les attentes d’un peuple à genoux. Ecoute la colère qui gronde de la terre, écoute le vacarme que fait en mourant une colombe poignardée.
Quelques gouttes de sang s’écoulent lentement mais son cœur palpite toujours, quelques secondes encore pour voir s’évanouir ses rêves, quelques secondes encore d’un destin assassiné par l’ignominie.
Quelle mère a porté en son sein celui dont la main frappe une femme ? Quelle terre a nourri celui qui sème la révolte et le chaos ? Quel bras plus infâme a armé sa lâcheté ?
Ne ferme pas les yeux, regarde ce corps sans vie pour ne pas oublier qu’ici–bas des hommes font de la honte et de l’indignité la loi et le droit.
Vois cette âme libre qui coule à flots et se déverse sur l’asphalte d’un jour brisé, vois ce rêve qui s’éteint dans un souffle, à peine un soupir, vois sur nos mains et nos fronts se répandre la honte d’appartenir à cette race.
Il faudra tant de temps pour y croire à nouveau, il faudra tant de temps pour cacher l’indicible dans le vide et le rien, l’obscure prémonition d’un avenir avorté.
La tempête est passée, balayant tout sur son passage et laissant peser sur les hommes comme un fardeau la haine et la souffrance.
Dans le fracas, quelques gouttes de sang se volatilisent réduisant à néant l’œuvre d’une vie ...