Il pleut.
Le ciel est pesant de nuages gris et bas.
Il n’aimait pas me voir pleurer alors je ne pleurerai pas. Je me mordrai les lèvres jusqu’à ce qu’un goût de sang envahisse ma bouche. Je garde les yeux fixés au loin et tente de penser à autre chose. Ne pas craquer, faire comme si rien de tout cela n’était réel. Il ne s’agit de rien d’autre qu’un pauvre cauchemar ridicule d’invraisemblances et d’extravagances. Je me concentre sur cette pensée si rassurante et pourtant tellement laborieuse.
Certains m’embrassent que je ne reconnais pas, d’autres me parlent une langue étrangère qui ne sera jamais mienne. Je ne réponds pas à leurs mots qui ne me concernent pas. Je ne leur rends pas leurs baisers qui ne me touchent pas. Je suis sourde, vide de tout sentiment, de toute sensation, j’attends sous la pluie que tout soit fini, car toute chose a une fin.
C’est étrange cette impression de non vie. Je ne suis pas maîtresse de ce moment, simple spectatrice indifférente à tout ce qui m’entoure.
Ils jettent quelques roses, tâches rouges sur fond noir.
Je n’en jetterai pas, il n’aurait pas voulu.
Celle que je serre entre mes doigts séchera entre les pages de ce livre qu’il aimait tant.
Il pleut.
Qu’ils partent maintenant ! Ils ont dit ce qu’ils avaient à dire, accompli leur devoir…qu’ils me laissent l’amour !
Qu’ils partent, qu’ils nous laissent en paix, face à face en absence brisée…