J’ai écumé les fleuves et les rivières, traversé des déserts de sel, figé le soleil dans la glace, espace !
J’ai connu la famine, la misère et l’abondance sans jamais relever la tête, sans jamais baisser les bras !
J’ai crié à la face des hommes, crié leurs injustices, leurs soifs de pouvoir, leurs faims de dollars !
Et, comme le vent m’entraîne sans me laisser prendre asile, je navigue accroché aux ventres gris des nuages.
Je ne suis ni pleur, ni larme du ciel, ni alizé. Je ne suis pas non plus l’œil du cyclone désespoir, ni le séisme, ni le cratère d’un redoutable volcan.
Je cours en vous, pénétrant dans votre corps comme une épée invisible, indolore, car vous ignorez mon existence.
Je traverse les forêts, brise les murailles de béton rouge à Pékin, les chaises électriques à Dallas, entrave le redoutable assassin que se soit celui de Washington ou de Bagdad.
Ne tentez pas de me voir, vous ne le pourriez pas. N’essayez pas de me sentir, vous n’y arriveriez pas. N’essayez pas de me découvrir, je suis absent de vous.
Car depuis la nuit des temps j’existe mais vous ne le savez pas.
Je suis la conscience de la Terre