Souviens-toi de leurs mains tendues vers les cieux en courroux, souviens-toi de la terre essayant d’ingurgiter en vain la colère du ciel, souviens-toi de tous ceux qui n’ont pas su se préserver de la tempête. Souviens-toi d’eux, corps flottants, ballottés au gré des courants entre les troncs déracinés et les toits arrachés.
Souviens-toi de ces ombres d’hommes errant au cœur de ce qui fut autrefois une ville et dont il ne reste plus rien qu’un amas sale et sombre de bois et de métal entrelacés par les mains d’une ogresse. Souviens-toi qu’ils ont faim, souviens-toi qu’ils ont soif, souviens-toi que la mort les guette tel un animal pervers.
Souviens-toi de cette puanteur qui envahit l’air et contamine l’eau si précieuse, si essentielle au peu de vie qu’il leur reste. Souviens-toi que si beaucoup sont morts d’autres tentent de survivre, mains noires et mains blanches mêlées et unies dans la détresse et la désespérance.
Souviens-toi qu’il suffit d’un instant pour réduire à néant des années d’existence.
Souviens-toi que ta vie ne tient qu’à une goutte d’eau...