Tout est venu doucement, dans le silence et la solitude de son être. A force de vivre sans exister, on s’invente un monde d’apparences.
Au début elle parlait toute seule, se complimentait, s’insultait, riait d’elle même ou se fâchait pour un rien, et puis un jour, il est entré dans sa vie.
Il était beau, gentil, attentionné, intelligent et possédait un humour inimitable. Ils dialoguaient des soirées entières, tant de points communs, tant d’affinités.
Tout s’est compliqué quand elle a décidé qu’il l’accompagnerait dans la rue et au bureau.
C’est vrai que les gens se retournaient sur eux quand ils discutaient mais qu’importe...les autres sont toujours jaloux du bonheur des uns. Ils salissent tout, se moquent, brisent les rêves, pour le seul plaisir de faire mal tout simplement.
Au travail, son patron lui a dit qu’elle devait consulter un médecin. Mais elle, elle sait qu’il est envieux de son bonheur, être amoureux n’est pas une maladie, loin de là, c’est tout le contraire. Aimer, c’est vivre, c’est respirer, c’est s’accomplir...
Alors puisque personne ne veut comprendre, elle a pris le vieux revolver que son père cachait autrefois tout en haut de l’armoire et maintenant elle leur explique ses sentiments, ses peines, ses joies et devant son éloquence tous se taisent.
Elle, que personne n’écoutait jamais, l’ombre qui se glissait entre leurs vies bruyantes, ils l’entendent, ils acquiescent.
La seule chose qui la dérange un peu c’est cette flaque de sang qui commence à tacher ses chaussures.