Au bout d’un chemin déserté par les hommes se trouve une maison abandonnée dont les volets claquent au vent de la nuit. Lorsque la lune est ronde et haute dans le ciel, un halo rouge feu se pose sur la demeure solitaire et le ciel se couvre d’épais nuages sombres qui voilent l’astre nocturne.
Alors, dans le silence ténébreux, un chien hurle sa peur et son cri transperçant l’espace fige la nature aux abois. Une silhouette effrayante se glisse et cerne les murs qui tentent de se défendre de la maléfique intrusion, elle frôle les pierres et ses contours gigantesques se reflètent comme une obscure menace sur le toit d’ardoises. Le bois craque et gémit mais jamais ne cède aux coups portés par l’infâme créature, chaque fragment du logis se protège.
La lune, en vain, tente de combattre les ombres pernicieuses qui peu à peu l’absorbent et l’obscurité se pare de teintes infernales.
Gaspard, le vieux braconnier raconte qu’une nuit, il fut attiré par des cris abominables et terrifiants. Il s’approcha doucement et soigneusement tapi derrière d’épais taillis, il assista à un combat étrange. Des ombres noires sorties des profondeurs de la terre livraient une lutte sans merci à des formes éthérées qui semblaient flotter dans l’air. Une odeur de soufre planait dans l’atmosphère et le vieil homme jura à qui voulait l’entendre qu’il vit passer le malin à deux pas de sa cachette.
Tous se moquèrent de lui, l’accusant d’avoir vidé un peu trop vite la bouteille de piquette qu’il emportait dans sa besace et pourtant personne ne put expliquer la présence, au lendemain de cette sordide bataille, d’un calvaire auréolé d’une lueur insolite au centre du croisement.
Depuis, les nuits de pleine lune, engourdi par l’effroi, nul n’ose s’aventurer dans les parages, car tous savent que le diable rôde, aux aguets de toute présence, de la plus petite âme à dérober.