Sa parole était devenue un déluge de mots cruellement destructeurs, tel un cataclysme. Ce volcan en éruption voulait - il nous éblouir ? Nous, les témoins de cet art du verbe ? Ce verbe dans son extrême non - sens apparent ? Il nous suspendait silencieusement à sa vision .celle d’un être hanté par un amour dérisoire .Sa souffrance nous laissait sans souffle. Etait - il devenu fou ? Le pressentiment d’une répétition de son état ne nous paraissait plus scandaleux .Cette révélation qui s’imprimait en nous chaque soir, ces mots qui jaillissaient comme sous une hypnose n’étaient que l’ expression étendue, mais unique d’ une déroute . Il avait perdu la tête un moment.....quelques jours. Je revoyais sa vie aux détours de ces phrases informes. Lui, qui avait pratiqué la méditation, lui, qui croyait en la voyance, comment pouvait - il se flageller ainsi ? Lui, d’une nature si fragile, n’aurait- il plus un moment de lucidité pour faire apparaître enfin une autre vérité dans ce mouvement perpétuel de néologismes surprenants ? Peut - être fallait - il croire à une jouissance, à un orgasme solitaire ? S’imaginait - il abandonné tel un bébé pingouin égaré sur la banquise ?
20 octobre 2000
Pour qu’il renaisse, nous le regardions, nous le contenions, nous l’entourions sans le contraindre. Nous l’imprégnions du parfum de notre amour.Il fallut quelques jours pour qu’il perçoive une issue. Puis, telle la scintillation d’une étoile filante échappée de la roue de la grande ourse dans le ciel, il sortit brusquement de cette bouffée délirante.