_
Mon amour,
Comme ces grains de sable disparaissent d’entre mes doigts pourtant si serrés, ta vie s’enfuit, doucement. Tu as décidé de ne plus lutter, mais de vivre, tu le dis, pleinement les derniers moments.
Tu veux regarder les arbres bercés, au gré des doux vents d’une fin d’été, apercevoir peut-être au creux de leurs branches cette alouette qui connaît nos deux cœurs. Ensuite, avec impatience tu attendras les couleurs de l’automne et la nuit presque froide qui tombe plus tôt comme pour les accompagner. Et dans la demi-pénombre les lumières tamisées, celles que tu préfères, se mettront à briller comme les milles étoiles amoureuses de tes yeux.
Aussi, tu veux ressentir le rire de tes enfants plus fort encore que le cri de leur naissance, tu veux que leur cœur garde l’image d’une maman, belle et rebelle, malgré cette saloperie qui te ronge...
Oui tu veux vivre tout cela...Pour durer encore un peu , tu me dis de ne pas m’inquiéter ma douceur, que tout va bien, que tu es bien...Alors je te laisse le croire.
Pourtant le long d’une vie, si dure parfois, sous les coups successifs, tu résistas. A chaque nouvelle attaque, tu trouvas parade. Je suis certain que là-bas, si loin de moi tu continues à te battre...
Te battre oui, contre cet homme, celui qui prétend t’aimer et qui tente de t’anéantir. Te battre oui, pour tes deux mignonettes, te battre oui, pour ceux que tu aimes.
Mais finalement, jamais mon amour, non, jamais tu ne t’es battu pour toi. Tu donnes et tu as tout donné, mais jamais tu n’as voulu recevoir.
Alors, mon amour, car l’amour c’est toi, tes actes, tes rires, tes yeux....je te demande une seule chose, résiste encore pour toi, pour nous et ne meure pas si vite.
Résiste car je sais que l’amour infini existe, je t’ai rencontré.
Emirelo - 31/08/2004