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nicolas_prieur

Nouvelles 12 février 2008
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Quinze années ont passées et je suis toujours aveugle. Je n’ai toujours pas vu les nouvelles couleurs du ciel et de ses amis mais je peux vous dire qu’en tout temps je me fais un tableau parfait de la situation actuelle : temps au grand beau avec soleil jaune (et encore, ce n’est pas certain), ciel rose et, parfois, quelques petits nuages bleus par-ci par-là ou encore temps très orageux avec nuages bleus marine, pluie verte, flaques d’eau vertes fluo sur le sol et quelques coups de tonnerre accompagnés de la foudre aux éclairs disons…oranges ! Quelle belle photo !
A la maison, il y a moins de couleurs… Papa est malade et ma mère passe ses journées à le soigner et à lui dire au revoir parce qu’elle sait très bien que le reste de la vie de mon père n’est plus très long. Il n’a plus trop la force de répondre mais je me sens toujours aussi bien lorsque je lui raconte tout ce que j’imagine. Et la façon dont mes sens se sont développés depuis que j’ai perdu la vue. Par exemple, mon odorat s’est développé au point que lorsque je me rends sur le marché je parviens à distinguer les endroits où il y a des pommes de terre de ceux où on trouve les carottes. Le tout, au beau milieu d’un endroit où règne un mélange d’odeurs beaucoup plus fortes que ces deux dernières. Je décide d’aller lui acheter son quotidien favori, celui « dans lequel il n’y a que des bonnes nouvelles » selon lui. Parfois il m’en lit une partie et c’est vrai, il n’y a que des actualités heureuses. C’est peut-être la dernière fois que je peux aller lui chercher son journal alors, tous les jours, je le fais avec joie. Je me lance dans la rue jusqu’au kiosque. Je connais le chemin par cœur, et les journaux ont une odeur de safran que je reconnaitrais n’importe où.
Tout à coup quelqu’un me bouscule et frappe mon épaule, me faisant perdre ma pièce de monnaie et la banane rouge que je mangeais et que je tenais dans ma main droite. Voyant que je ne saurais pas les retrouver même si elles étaient à deux centimètres de mes pieds, l’homme ramasse la banane et la pièce, me les mets dans la main et me questionne :
- « Ne seriez-vous pas la jeune fille aveugle dont tout le monde parle ? »
- « Comment ça « dont tout le monde parle ? » »
- « Oui, il parait que vous dites que le ciel est rose. »
- « Oui, le ciel est rose, c’est ce que mon papa m’a dit lorsque j’avais sept ans. »
- « Vous avez connu le ciel bleu ? »
- « Oui, je n’étais pas aveugle avant mes sept ans. »
- « Alors pourquoi pensez-vous qu’il ait changé de couleur ? »
- « Je ne sais pas. Je fais confiance à mon père. Et puis les espèces animales et végétales ont évoluées, pourquoi pas le ciel ? »
- « Vous savez, les gens se moquent souvent. Certains vous méprisent. Moi j’ai rencontré votre père et j’ai tenu à lui demander pourquoi vous pensiez que le ciel était rose. Il m’a répondu qu’un enfant qui perd la vue après avoir découvert la plupart des merveilles de la vie peut subir un choc mental considérable s’il en prend conscience. Il a alors continué en disant que votre seul échappatoire était votre imagination surtout lorsqu’on est enfant, c’est pour cela qu’il a inventé cette histoire de ciel rose ».
Une larme glissait jusqu’au coin de mes lèvres. Je trouvais la force de répondre tristement :
- « Je ne vous crois pas ».
- « C’est tout à fait normal. »
Puis en partant et sans attendre la réponse, cet homme, comme s’il était sûr de ma réaction, me lâche une dernière phrase :
- « Qu’avez-vous fait ces quinze dernières années ? »
C’est à ce moment là que j’ai vu toutes les couleurs défiler : les arcs en ciel blanc et noir, le soleil jaune, le ciel rose, la pluie verte, les nuages bleus, ma banane rouge, les flaques d’eau vertes fluo qui trempaient mes chaussures, etc. J’ai alors compris que grâce à mon père, ces quinze dernières années, je les avais passées à rien d’autre que d’imaginer le monde dans lequel je vivais. J’ai alors compris que mon père avait réussi : pas une seule seconde, je n’ai pensé au monde dans lequel je ne vivais plus.

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