Quand j’serai plus grande, j’vivrai en Amérique, en Floride. C’est beau, c’est bien tempéré.
J’habiterai dans une haute tour, le concierge aura plein de chats qui savent prendre l’ascenceur et entrer dans mon appartement fermé à clés.
Le dit concierge ce sera un travesti ayant voulu devenir magicien, mais ayant raté.
Ma voiture, ce sera une Ford (ça fait 3 Fords depuis ma naissance, je resterai fidèle à la marque, vous comprenez...) supersonique qui fait du sur-place à l’envers.
Mon job, ce sera mi-temps astrologiste pour chien, mi-temps astrologue pour chiens, mais je déteste les chiens. Mon patron pourra pas me virer parce que le métier sera de moins en moins convoité. Et j’gagnerai plus ou moins bien ma vie. Normal, pépère quoi.
J’aurai un auriculaire gauche immobile, les gens avec qui je travaillerai ne m’aimeront pas, parce que je serai une pro du diabolo.
Bien sûr, j’aurai un petit ami, il sera laveur de parkings, il sera comme le blond décrit par Gad Elmaleh.
A cette époque-là, ma mère sera retournée en Colombie, et mon père vivra reclus dans sa cabane, coupé de tout, au fond des bois, en Europe.
Tous les dimanches, je lui apporterai de la soupe au cresson et au cerfeuil.
Mily vivra toujours, un record du guiness book, qui permettra à mon père de vivre correctement grâce à l’argent gagné, mais il aura perdu ses moustaches de droite, alors il sera perpétuellement déséquilibré .
Lorsque j’aurai du temps à perdre, je collectionnerai les feuilles rouges des saules pleureurs, et j’élèverai des coccinelles ayant cinq points noirs.
A force de porter mon GSM dans ma poche, je serai devenue stérile, donc on n’aura pas d’enfants, ça résout déjà tout un tas de problèmes éventuels.
Je serai allergique aux chrysanthèmes, je mourrai overdosée parce que ce sera la passion de mon blond. Il s’appellera Beléfron, comme bel affront, et son prénom, ce sera Gaston.
En fait, on vivra au numéro 23, et mon doudou ce sera un lapin anarchiste qui sentira le chocolat. Et ma plante préférée, ce s’ront des baies de sureau.
Quand j’serai grande, de toute manière, y’aura plus de planète, alors faudra bien être heureux avec ce que l’on a.