La nuit est sombre et lugubre, nuit sans lune et sans étoiles, nuit aux limites du néant, de la peur et de l’angoisse.
Au loin, un chien aboie.
Au loin, une lueur m’attire.
Au loin, une plainte m’appelle.
Je vais où mes pas m’emportent, sans la moindre hésitation, ombre pâle au creux des ténèbres vers ce rendez-vous que mon âme désire avec tant de force que mon corps se soumet sans essayer de résister.
Là-bas quelqu’un attend.
Là-bas quelqu’un m’attend.
Là-bas quelqu’un attend quelque chose de moi.
Sans bruit, troublée par la seule musique du vent dans les arbres, je danse la tête dans le ciel et les bras en croix. Je sais sa présence, je sais son parfum de musc et de bruyère, je sais ses yeux qui m’enlacent.
Ici, règne la vie.
Ici, règne l’amour.
Ici, règne le secret de l’existence.
Les yeux fermés et le cœur ouvert, j’offre mon cou à ses dents acérées, je lui redonne vie et le ciel s’illumine de mille étoiles d’or qui grelottent dans la nuit éternelle et glacée. Je perds conscience et du temps qui passe et de l’aube inexorable qui commence à pointer.
Demain je me réveillerai comme si rien n’était advenu.
Demain il ne me restera comme unique souvenir qu’un peu de terre sous la plante des pieds, quelques griffes laissées par les épines de la forêt et un sentiment étrange et bouleversant au plus profond de moi.
Demain quelque chose aura changé...