Echo du Berger à « Jeu sordide »
Les rides de son visage contredisent sans ambages le sombre éclat de longs cheveux d’un autre âge ; sauf à la connaître et à la re-connaître, on ne la regarde pas.
Grande, mince hier, quelconque toujours, l’air un peu emprunté, fagotée plus qu’habillée, la révèle seul l’éclat voilé d’un regard qui se pose sur vous, étudie votre allure, s’arrête sur vos mains, vous pèse et vous mesure.
Et croiser ce regard, c’est entendre Circé chanter sa mélopée … on le croise parfois, vous l’avez vue peut-être, inconnue dans le hall de la Gare de Lyon, ou escort de son mari dans telle réception ou le susdit
la sort. Car il faut la distraire ; ou madame s’ennuie, et Madame s’évade …..
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Le rêve monte et envahit par vagues les allées obscures de l’esprit. Malgré le froid, la peau brûle. Sur l’avenue des mots, le vent hésite … Souffler le chaud ? Souffler le froid ? La plume tâte le vers comme le pied l’asphalte, puis s’aventure … Les mots s’élancent, qui vous enlacent, vous caressent, vous ravissent et vous captivent. Le désert fécondé se pique d’oasis. Le verbe libéré dévoile le regard, deux étoiles s’allument au ciel de votre hiver.
Vous êtes foutu .Vains efforts du poisson qui vomit l’hameçon ! Il cogne à coups de cœur, il cogne et se débat, il se débat si bien que le poignet fatigue et donne du mou à la ligne, qui dérive. Et poisson, ventre en l’air, se croit libre …
Mais il n’y a pas d’après-Madame. Passés les préliminaires, vous êtes fait, et que tombe le masque n’y changera rien. Vous attendrez en vain grande ou petite mort, et vous mourrez vivants. L’amante religieuse ne vous lâchera pas, vous ne rêverez plus d’une eau limpide et claire que l’on appelle l’aube : la nuit ne finit pas.
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Monsieur appelle Madame qui déconnecte et file dans ses bras patients. Rendez-vous demain soir, pour une autre séance.
Ainsi naissent et crèvent les bulles de passion qu’une banale fée souffle dans vos nuits.
Le Berger