Ils se regardent en silence, un peu embarrassés.
Depuis que la nouvelle est tombée, brutale et glacée comme un coup de couteau dans le dos, la gêne s’est installée entre eux, invitée mal venue et incomprise.
Ce n’est pas qu’ils ne s’aiment plus, mais tout simplement différemment...Envolée l’insouciance des premières années, enfuie aussi cet indescriptible sensation de force et d’unisson qu’ils ressentaient alors.
Marc se lève.
Il s’extirpe douloureusement du fauteuil où il a sommeillé une bonne partie de l’après-midi.
Fred le regarde.
Il n’avait jamais remarqué avant cette pâleur , ces joues creusées par la souffrance. Il détaille sans concession ce corps trop maigre dont les os sous les vêtements apparaissent comme des arêtes saillantes.
Marc n’est plus pour Fred que le reflet de celui qu’il sera dans quelques temps.
Il le sait et il n’a plus peur.
En lui, coule aussi ce sang malade d’amour. Mais heureusement pour l’instant son corps l’épargne.
Attendre, vivre, encore un peu...patienter, que Marc ait fini de souffrir. Ne pas ajouter à son mal, le remord et la culpabilité.
Ces regards échangés si lourds de sens et de tourments, ces paroles qu’ils ne se diront pas par pudeur ou par manque de temps les éloignent peu à peu.
Et pourtant leurs gestes se font tendres quand ils se les destinent. Ultimes caresses, dernier réconfort dans l’inconfort et l’incertitude de ce que sera demain...
Et demain arrive si vite...