M’étant perdu puis retrouvé, j’ai décidé de ne plus me quitter pour me sentir moins isolé. De maintenant, je me suis lié d’amitié pour moi-même et cette ode je me dédie :
Ami, toi qui partage ma solitude,
Laisse-moi me regarder en corps.
C’est fou comme je me plais !
— Analyse : quand on a vécu si longtemps ensemble, on ne peut que finir par s’apprécier sans s’abaisser - fin de l’introversion.
Allons dans la chambre
Jouer de mon reflet au plafond.
Allongé sur le lit,
D’une pirouette
je te montre mes fesses.
Ô moi, quel éclat tu prends alors !
— Introspection : oui - fin du jeu du miroir.
Tu as remplacé le téléviseur du salon et c’est tant mieux ! Avachi sur le canapé, y’a pas photo j’ai les cacahuètes qui se décrochent. Ce que je peux me faire rire parfois lorsque je mets ainsi en évidence mes petites faiblesses !
— Analyse introspective : d’abord est-ce un péché de s’aimer ? Ensuite, ceci est de la TVréalité, étape ultime où le spectateur se retrouve face à lui-même.
Je me regarde sans honte,
Je me reflète sans pudeur,
Nous sommes le couple idéal.
— Voix off : ceci est le refrain.
Sur un casque de vélo, j’ai accroché deux rétroviseurs pour ne jamais m’éloigner de moi. Que serais-je sans moi lors de ces escapades complices ? Mais je me rends compte combien le mobilier urbain et les passants sont jaloux de nous : ils font rien qu’à nous bousculer pour nous empêcher de nous concentrer sur cette prodigieuse merveille que je suis.
— Commentaire : on remarquera l’ego surdimensionné de l’auteur qui hésite entre lui et " nous ".
A table, j’apprécie ma tendre compagnie aux manières raffinées si ce n’était une fâcheuse tendance à postillonner. Alors, d’un mouchoir je m’essuie ces quelques larmes pour effacer le trouble qui, un bref instant, s’est glissé entre nous.
— Est-ce de la poésie ? je crois (sans fausse modestie) que " oui ".
Il est temps, je crois, d’aller m’enlacer pour oublier cet incident. Avant de m’endormir, je fermerai les yeux sur moi pour être sûr de me retrouver demain.