Je me sens triste, seule, abandonnée. Ils ont tout pris, tout retiré. Ils sont partis et m’ont laissé ici. Depuis que je suis née cela fait plusieurs fois que cela se produit.
Qu’ai-je donc de si spécial, de si invivable, que personne ne reste plus de quelques années ?
Il me faut à chaque fois vivre avec cette solitude pendant une période indéterminée.
Ensuite tout recommence.
Les visites à n’importe quelle heure, les sons résonnent dans les pièces vides.
Puis ce sont les travaux, les coups de marteaux, la perceuse et son bruit strident qui vrille mes fragiles tympans de vieille dame ; les odeurs de colle, d’enduit qui me donne mal au cœur.
Et enfin l’emménagement, cet afflux soudain de meubles, cartons, bibelots. Les planchers craquent, les volets claquent, les course-poursuites dans les escaliers, les cris des enfants, tout cela me fatigue, je n’ai plus l’âge de toutes ces fantaisies.
Ah, j’en aurais des choses à raconter, si quelqu’un pouvait m’écouter.
Des joies, des peines, des secrets.
Des mariages, des naissances, des décès.
Des histoires d’amour, d’amants, de maîtresses.
Des envies, des regrets, des vœux exaucés.
Les hommes n’ont qu’une vie.
Moi aussi.
Mais qui suis-je pour oser me plaindre ?
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