Matez ma tique dit le chat revenant de son escapade. On ne compte plus il est vrai les jours ou je reviens sans tant il est difficile de trouver un nombre adéquat entre un et zéro. Et oui, même moi, chat, ça je peux comprendre. Et l’on dit que les chats ne savent pas compter… Au moins jusqu’à neuf, c’est plus prudent si l’on veut économiser la dernière… Economiser sans intérêt, aucun intérêt me direz-vous ! Aucun intérêt, parlez pour vous, j’y tiens à cette dernière vie. Mais non, suis-je bête, vous ne me direz rien, les chats ne savent pas parler et ne comprennent pas le langage des hommes. Là, c’est vous qui faites preuve d’un esprit limité, d’une incohérence, vous me prenez toujours à témoin et me conter les exploits ou mésaventures de votre journée. Vous voyez, j’ai des lettres. Evidemment vous ne croirez jamais que c’est moi, le chat, qui ai écrit ces lignes, et pourtant en vérité je vous le dis… Mon Dieu quelle envolée, je plagie, preuve s’il en fallait encore que ma culture ne se borne pas à l’aspect culinaire.
Mais revenons-en à ma tique. Ayez l’obligeance, je vous prie de daigner me l’enlever, car si je peux, parler, écrire, compter quoique vous en pensiez, il m’est bien difficile de la décrocher seul.
Je vous sens rebuté par cette action pourtant simple à réaliser. Peut-être trouvez-vous que la chose se répète un peu trop souvent… Comment ça, une hache, mais vous êtes fou mon ami, faites donc attention ;
Ca y est, vous m’avez détaché le chef du reste du corps. C’est malin ! Certes la méthode est radicale pour m’extraire cette terminaison dont j’étais affublée, mais j’estime que les dommages collatéraux sont disproportionnés. Qu’importe il m’en reste huit. Ne bougez pas, je prends ma tête sous le bras, enfin sous la patte, enfin comme je peux… déjà que je me suis fait rouler, je ne vais pas en rajouter en la poussant sur le sol. Comment ça, non ! Je n’en ai plus huit ! Sept alors ! Non plus ? Ni six, ni cinq ?
C’était la dernière ?
C’était la seule ! Vous voulez me faire peur !
C’était une légende …
Chat alors !
Vous auriez pu me prévenir. Donc, vous m’avez occis pour de bon, façon de parler, rien de bon pour moi la dedans.
Bon je prends ma tête et m’en vais mourir ailleurs.
Je suis déjà mort ! Mais je parle encore.
Ca ne se fait pas ! je suis un chat mal élevé… Il est vrai que je me sens un peu abattu.
Mais c’est de votre faute si je parle encore, vous donnez toujours votre langue au chat.
Vous savez quoi ! Vous êtes un chalaud !