D’une fenêtre ouverte, un homme se penche sur sa vie. Il est jeune encore et porte au creux de ses mains tant d’amour à donner et tant de choses à construire et pourtant son regard ne traduit qu’accablement et tristesse. Ses illusions se sont écroulées une à une comme un château de cartes et l’espoir s’est envolé de son âme comme une colombe blessée.
Il ne demandait rien, le destin lui a tout donné et tout repris dans un éclat de rire. Son regard sombre se pose sur le silence du parc qui l’entoure, solitude troublante, isolement, abandon. Sur la ville environnante, le jour point et l’air glacé le fait frissonner un peu.
Une nouvelle journée s’ouvre à lui, de quoi sera t’elle faite ?
A cette seule idée, il soupire, un long soupir empli de lassitude et de renoncement, si long qu’il devient souffle et si lourd qu’il se fait vent.
Mais le vent excessif porte en lui tant de colère qu’il devient tempête puis ouragan. Sur la mer déconcertée, un bateau tangue, vacille et roule sur les flots affolés. A son bord, les marins luttent pour leur vie. Ils réduisent la voilure au prix d’efforts désespérés, tentent de garder le cap et d’éviter les écueils que les eaux leurs réservent. Mais le navire se cabre et chaque déferlante pourrait être l’ultime, les entraînant vers le fond, brisant la coque et réduisant ainsi à néant leurs rêves et leurs amours. Le combat est sans merci, les éléments excités n’obéissent plus qu’à leurs instincts meurtriers et laissent l’équipage désemparé et résigné à une mort certaine.
Refermant sa fenêtre, le reflet d’un sourire lui revient en mémoire, une parole, une pensée allume une petite lueur d’espoir dans les yeux de l’homme apaisé. Il décide alors de lutter, de redevenir maître de son destin et de défendre ses rêves…
Au loin, bien loin de lui…le vent se tempère, la mer se fait d’huile et un bateau rentre au port.