Il joue du bois comme le musicien joue de l’archet.
Sous ses doigts la fibre se tend, s’épanche, se tord, se vrille.
Sous ses mains, la matière se colle, se soude, résonne.
L’arbre est mort mais son âme vibre encore, l’instrument vient de naître.
Ses lignes sont une ode à la beauté tant ses formes lui rappellent celles d’une femme.
Elles sont courbes, douces et élégantes.
L’homme vient de créer l’équilibre de la beauté absolue, la violence du feu et la tendresse d’une caresse.
Dans le dernier violon du luthier, l’âme de l’érable s’éveille.
Il le prend délicatement entre ses mains et sent le souffle tiède de l’écorce blessée puis perçoit un nouveau cœur battre.
Alors brillant d’un vernis rouge automne, il approche l’instrument de son cou et sa peau épouse les courbures lascives.
L’archet se déploie traînant sur les cordes une note si pure que l’artisan laisse perler une larme qui coule et roule le long de la chanterelle.
Le violon, bruit de la forêt, entre en résonance avec l’esprit de l’artiste.
Dans le petit atelier du fond du village, la fenêtre laisse apparaître en ombre chinoise l’instant sacré d’une union parfaite.
Au loin dans les bosquets, le vent enveloppe les arbres, et dans la nuit les feuilles des arbres noueux entament une étrange symphonie, accompagnant ainsi le soliste et son ami.
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Le soliste
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L’art ne reproduit pas le visible, il fait apparaître l’invisible de l’esprit...