A cette heure-ci le club est vide. Pas grave. Je remonte mon col. Au comptoir, j’attaque sec, whisky glacé d’entrée, et puis je spotte.
La musique a pas vraiment commencé, c’est juste un fond, daube clinquante des années quatre-vingt, des petits beats en mousse. Je roule un cône discrètement, sur la terrasse, entre les lampadaires qu’on dirait des alligators, le comptoir typé colonial m’attire et : deuxième verre, ensuite je spotte.
Troisième whisky, ça commence à se remplir. Spot.
J’ai l’impression d’avoir déjà vu certaines personnes. Pas sûr. Spot.
Le son augmente, le dijay lance une sélection funk, deux trois copines hilares s’y essaient, j’observe les masses de graisses qui se dandinent en enfilant mon cinquième verre.
Envie d’aller danser au bout d’un moment.
Ca tourne un peu, mais c’est rigolo quand même.
Je cible à trois heures : essaim d’étudiantes. J’aime bien les étudiantes, quelques pas et je suis sur elles, à me frayer une place dans leur cercle, je souris de toutes mes dents.
J’en vois une qui a l’air de trouver ça sympa, j’me dis j’me rapproche.
Elle s’appelle Mary. On danse ensemble, on parle un peu, au bout d’un moment elle me dit : on monte sur la table ?
Je réponds no soussaille, un truc comme ça.
Elle grimpe la première, d’en bas je peux la voir se trémousser, j’vois même sa culotte, elle gueule : LAST NIGHT A DJ SAVED MY LIFE, C’EST MA PREFEREEEE, suivi de : TU MONTES, BEAU GOOSSE ?
Elle me défie, pas vrai ?
D’abord un premier pied sur le tabouret à gauche, wow ça tourne la ptin d’sa... je réussis à mettre un genou sur la table.
L’autre cruche se marre en remuant du cul juste au-dessus de moi, elle me tendrait pas la main c’te...
Deuxième genou, je suis sur la table ! Mary s’écrie waoohtrojeûnial, je me lève et puis là, c’est ptète la combinaison bouteille de whisky - table glissante, je sais pas, mais je tiens pas debout, je glisse en arrière, et BENG par terre.