C’est un étrange sentiment de mal être
J’ai beau être en vacances, avoir la mer à mes pieds et apercevoir de superbes créatures, j’ai le sentiment de passer à coté de quelque chose. Je ne sais pas quoi mais, ce sentiment me traverse l’esprit au fur et à mesure que les jours passent. Aurais-je oublié de faire quelque chose ou bien même d’emmener une chose vitale à mon bien être ? J’ai beau réfléchir de toutes mes forces, je ne trouve pas. J’ai bien tout fermé en partant, j’ai dit au revoir à toute la famille, j’ai arrosé les plantes et mis l’engrais. Mais qu’est-ce qui peut bien me faire douter à ce point ?
Déjà une semaine passée avec femme et enfants, sans un nuage, sans une goutte de pluie.
Il fait très chaud ! Et alors ? Pas de quoi s’inquiéter...
Il faut quand même que je trouve ce qui cloche pour que j’en arrive à douter à ce point. Jour après jour, le doute se fait de plus en plus insistant et j’en arrive même à me déclencher des maux de tête, ou des mots de tête, je ne sais plus très bien, en tout cas, si je ne trouve pas vite ce qui m’inquiète à ce point, je risque de péter les plombs. Je finis par avoir hâte de rentrer malgré des vacances radieuses. Plus les jours passent et plus ce mal être m’investit.
Bon ! Arrive enfin le jour du départ ou tout au moins, l’avant grand jour car j’ai persuadé femme et enfants de rentrer plus tôt avec des excuses minables que je suis sûrement le seul à pouvoir avaler.
Et c’est parti ! On roule, on roule. « Plus vite ! » me dit mon cerveau en ébullition, il faut aller plus vite pour que j’arrive enfin et que je sache ce qui me rend fou à ce point. Les deux grands, qui n’arrivent pas à dormir et le dernier qui crie à me faire sauter les tympans. Bon dieu de merde ! On va finir par y arriver à cette baraque ou quoi ? Plus que cent kilomètres, quatre vingt-dix, quatre vingts, je sens la sueur commencer à couler de mon front et dans mon dos, comme si j’entrais tout habillé au sauna. Je pousse la clim. de deux ou trois degrés car maintenant, c’est intérieurement que je bous. Je reconnais les panneaux qui m’indiquent qu’on approche de la maison. Ouf ! Je commence à mieux respirer. Il est vingt trois heures trente et dans moins de dix minutes maintenant nous serons devant la maison. Dix minutes interminables à douter toujours et encore sur ce que je vais pouvoir trouver en arrivant. Huit minutes, puis sept, cinq quatre..... Le compte à rebours a commencé, je m’attaque aux secondes maintenant. Dix, neuf, huit....... Trois deux, un, je cri : « HOURRA » tellement fort que j’en réveille les enfants qui avaient fini par s’écrouler de fatigue. Ma femme me regarde du plus bizarrement quelle puisse, je la sens même inquiète de ma réaction et me demande même si je vais bien. Depuis deux semaines où nous avons quitté la maison, je ne lui ai pas parlé une seule fois de mon mal être, je ne voulais pas passer pour un débile profond. Depuis le temps que je l’ai tannée avec ces vacances. Des mois à la bassiner avec mon envie de voir la mer. Elle n’aurait pas compris ma réaction. Un créneau pour garer la voiture et le tour est joué. Je descends aussitôt et scrute tout autour de moi. Rien ! Rien ne se passe, pas une ombre au tableau. Je prends mes clefs et j’ouvre aussitôt la maison. Une odeur de renfermé vient me prendre les narines.
Il faut ouvrir ici, ça pue ! J’ai beau ouvrir les fenêtres et malgré la nuit assez fraîche pour une fin de juillet cette odeur tient. C’est une odeur de renfermé mélanger à une autre odeur nauséabonde qui ne me parait pas inconnue.
Il faut quand même vider les bagages car on n’a plus de garage et ça craint.
Bon, on vide le coffre. Et après ? Après, quoi ? Après, rien ! Toujours le même sentiment. Maintenant que je suis rentré cela devrait cesser. Bordel de merde ! Il va me lâcher ou quoi ce doute ? Que dalle !
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Je reprends tout depuis le début : « alors, j’ai fermé la porte, j’ai pris la voiture, j’ai attaché mon plus jeune dans son siège auto. Après, on a pris la route, on a passé les péages, on s’est arrêtés toutes les deux heures. » Non ! Je ne vois pas.
Je devrais peut être demander à ma femme si elle n’aurait pas trouvée quelque chose d’étrange depuis que l’on est parti ? Après tout, les vacances sont finies maintenant. Je lui demande.
Au fait chérie, je voudrais te demander un truc. Depuis le jour où nous sommes partis en vacances, je n’arrête pas de me prendre la tête en me disant que quelque chose s’est passé, quelque chose de grave que j’aurais oublié de faire ou bien de dire.
De là, elle me répond : « à toi aussi ? »
Ne me dis pas que.....
Si, moi aussi j’ai un drôle de sentiment d’oubli depuis que l’on est parti et sachant que tu tenais tant à ces vacances, je n’ai pas voulu te prendre la tête.
Qu’est-ce qu’on peut être con, quand même. On s’est gâché nos vacances, tout cela pour ne pas vouloir nous les gâcher. Quelle connerie quand même !
A qui le dis tu surtout que je ne sais toujours pas pourquoi.
Moi non plus !
On se regarde et on éclate de rire comme deux gosses à qui on vient de raconter une bonne blague.
Imagine que les enfants sachent ce qui se passe et qu’ils n’aient pas osé nous en parler.
Oh non ! Ce serait vraiment trop con.
Tu crois qu’on devrait leur demander ? Me demande ma femme.
Je crois que si on leur demande simplement en leur expliquant l’angoisse qui nous a tenu pendant quinze jours ils vont tout simplement nous prendre pour deux vieux débiles.
Mais si on ne leur demande pas, on ne le saura peut être jamais, ce qui nous a bouffé nos vacances.
Bon, on y va !
Les enfants, vous pouvez venir nous voir une seconde ?
Voilà, maman et moi, depuis le jour ou on est parti en vacances et bien, on n’a pas eu la conscience tranquille, on croit qu’on a oublié quelque chose en partant, mais on ne sait pas quoi.
Vous avez une idée ?
Rien ne sort de leur bouche, ils n’ont juste qu’un regard niais.
Tu vois, je te l’avais dit qu’ils allaient nous pendre pour des débiles. Regarde comme ils nous dévisagent.
On est désolés mais on a rien remarqué.
Et c’est là que mon petit dernier intervient.
Est où minou papa est où minou ?
Quel minou mon chéri ?
A l’aînée de me dire : « et bien je suppose qu’il veut parler du chat que tata nous a laissé pendant son voyage à l’étranger. »
Tout le monde se regarde
OUPS.......................