Elle était douce cette brave grand-mère de Saint-honoré. Elle était douce et gentille comme le sont en général, ces petites femmes âgées qui vivent le soir de leur existence.
Comme à son habitude, elle avait ce matin là enfilé son manteau, et, à peine sortie de chez elle, elle avait salué la voisine.
Puis elle s’était mise à déambuler tranquillement dans les allées du marché tandis que les commerçants frigorifiés installaient encore leurs marchandises sur les étals.
Quelques pommes et deux ou trois oranges ainsi qu’une petite tranche de jambon suffirait bien à remplir son filet. A mon âge, disait-elle, on se nourrit de peu !
Elle avait une vie bien rangée Agathe. Le repas de midi devant la télévision, une petite sieste dans le fauteuil de velours vert et l’après midi se consumait lentement. De temps à autre, elle discutait un peu sur le palier avec sa voisine d’étage comme aujourd’hui, puis elle attendait parfois de longues heures devant le téléphone que ses enfants l’appellent. Elle aimait croire qu’ils ne l’oubliaient pas complètement.
Elle savait que lorsqu’elle partirait, ils ne seraient pas dans la misère avec l’argent économisé par son défunt mari et cela la rassurait.
C’est vers dix huit heures que la sonnette de la porte retentit..
Le lendemain matin, lorsque la femme de ménage pénétra dans l’appartement, elle découvrit Agathe étendue sur le sol baignant dans une mare de sang.