C’était il y a bien longtemps de cela, dans une autre vie certainement, au cœur d’une mémoire oubliée...
Et pourtant, je me souviens très bien de cette petite chapelle blanche au milieu de la forêt, et de ma course effrénée entre les arbres et des ronces qui me griffaient le visage.
Il y avait aussi les hurlements des loups, la morsure de l’hiver et les torches des chasseurs qui trouaient les ténèbres.
Et cette peur qui me prenait au ventre et me coupait le souffle.
Le bruit répété des bâtons que cognaient les rabatteurs sur les chênes centenaires et le halètement des chiens résonnaient dans chacune de mes veines comme autant de menaces et de pas vers la mort.
Je ne voyais plus que cette tache blanche qui se rapprochait et me donnait la force de fuir encore.
Asile, asile criait de toutes ses forces mon âme terrifiée. Je refermais la lourde porte et m’agenouillais implorant mon salut devant le fils de Dieu.
J’entendais maintenant les coups sourds portés contre le portail...et puis, le silence encore plus inquiétant que les clameurs de la meute furieuse.
Soudain je vis les flammes derrière les vitraux et je perçus leurs rires. La fumée m’entourait et plantait dans ma gorge ses crocs de bête fauve, la mort me tendait les bras et je m’écroulais... Quel était donc mon crime... ? Je ne m’en souviens plus...
C’était il y a bien longtemps de cela...au cœur d’une mémoire oubliée au seuil d’une autre vie...