On entendait le rouet grincer dans tout le village. Les habitants ne prêtaient plus attention à ce bruit que l’on entendait partout dans les rues.
C’était chez Louise qui habitait une petite maison près du presbytère.
La Louise cela faisait soixante ans qu’elle cardait la laine, qu’elle faisait des écheveaux, qu’elle battait du pied droit son rouet.
Elle avait commencé avec sa grand-mère et sa mère à quatorze ans et depuis, elle ne s’était jamais arrêtée. Quand l’aïeule fut morte, elles continuèrent à deux, puis sa mère disparut aussi, alors elle poursuivit seule.
Ses mains étaient agiles pour filer le poil du mouton et de longues pelotes s’entassaient dans le logis.
Parfois, elle s’interrompait et regardait au travers de la fenêtre le cimetière où reposaient les siens.
Et le bruit reprenait inondant le village.
Elle n’avait pas besoin de grand-chose pour vivre, la Louise. Un peu de pain, du lait, quelques légumes pour le potage, cela suffisait amplement. Le lait c’était pour la minette, finalement, elle n’aimait pas trop ça le lait.
Et puis un matin plus un bruit ! Pas un grincement !
Les habitants s’interrogèrent.
La Louise venait-elle de passer de vie à trépas ? Quelques-uns s’approchèrent de la maison de la vieille femme.
Jean, le plus courageux se glissa derrière par le jardin et pénétra par la cuisine.
Dans le petit salon, il vit la Louise dans un fauteuil à bascule, recouverte jusqu’aux hanches par une couverture de laine.
Elle tricotait...