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Saskia

Nouvelles 17 avril 2007
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Je n’ai plus de mots. Je prends la plume pour t’écrire, une fois encore, tu vois, une fois de plus, une fois de trop, qui sait ? Je laisse l’encre couler sur ma page, la page de ma vie, la seule réalité de mon existence, la piqûre qui me rappelle que je suis toujours là, la brûlure au creux de mon cœur que je taquine inlassablement à la pointe de ma plume, à l’encre de tes yeux, à la réalité, à la mort de mes idées, à mes souvenirs et à mes rêves, au soleil qui, une fois encore, malgré ton absence, malgré tes silences, se lève...

Le monde n’a-t-il donc guère à se soucier de nous ? Le Sablier coule et coule, incessant, insensé, à emporter dans son flot ces si pitoyables poupées, ces humains qui croient que les Temps peuvent changer... Je l’ai cru, aussi, je pense. Plus encore, j’ai cru que le temps se domptait. Je crois... Je ne sais pas, je ne sais plus. J’ai oublié ce que c’était de croire, il y a longtemps. J’ai oublié ce que c’était de sourire et de rire, je veux dire, ces sourires avec les yeux, avec le cœur, avec l’âme et les autres. J’ai oublié de vivre...

Mais comment aurais je pu, alors que tu n’es pas la ? Comment aurais je pu continuer comme avant, alors que j’ai senti ton souffle dans le mien, tes mots sur mes pages, ta main dans ma main, tes yeux sur mon visage ? Comment pourrais je ... ? La vérité, tu vois, c’est que tu avais abattu mes rêves pour les reconstruire a ton image. La vérité, c’est que tu avais brisé, piétiné mon âme pour la reconstruire dans la force de ton sourire, la beauté de ta vie, de ton rire et de tes cris. La vérité, c’est que je n’ai plus de sens, sans toi, plus de sens, plus de force, plus d’intérêt, plus rien à dire, plus rien a faire, juste me taire...

A quoi bon parler si tu n’es pas la, près de moi ? A quoi bon rire si tes yeux ne me sourient pas ? A quoi bon chanter si tu n’es pas la pour l’entendre ? A quoi bon ma voix, mes yeux, mes oreilles, ma peau, mon souffle, ma vie, si tu n’es pas à mes côtés ?

Oh, bien sûr, ils diront que je suis ridicule, que je m’attarde sur un passé qui n’a plus lieu de me tourmenter, plus maintenant, que je rêve à un avenir qui n’aurait pu prendre racine que dans ton sourire...

A la beauté des rêves, alors ? A l’absurdité, à la haine, à la tristesse, aux yeux qui ont oublié de pleurer, aux pleurs qui ont oublié de sourire, aux sourires qui s’éteignent au crépuscule de ma vie, ma vie qui n’a plus de sens, qui n’en a peut être jamais eu.

« Puisqu’on est fous, puisqu’on est seuls, puisqu’ils sont si nombreux... »
Finalement, je crois que ce n’est pas si fou, comme phrase. Faut il la peine pour comprendre... ?

Je t’aime.


La plume vacille, tremble, égare quelques gouttes d’encre sur la feuille. La main parcheminée qui la tient se crispe puis la pose sur le bureau d’acajou. Acajou, comme la robe des cerises, comme la jeunesse, comme les cris, comme les rires, comme les sourires... Il y avait si longtemps.

Elle se lève, difficilement, la feuille a la main, si légère dans son poing sans forces, ondulant doucement avec l’encre qui y sèche. Le soleil s’est levé, ce matin la, une fois encore, il a taché de lumière la falaise et la houle profonde de la mer, il joue dans l’ivoire de ses fins cheveux, détachés par les caprices du vent de la côte. Elle resserre son châle sur elle, frissonnante. Le soleil...

Le vent hurle dans le défilé, s’écrasant sur les abruptes falaises à l’image des vagues sur les rochers, tout en bas. Vain combat, qui perdure et s’entête, bien qu’il n’y aie jamais de vainqueur... Aux caprices d’Eole, la lettre s’échappe de sa main et s’envole vers le large.

Elle vole dans les rayons de l’aube, comme tout les jours, s’envole vers un au delà espéré, un au delà qu’on voudrait tant pouvoir, juste une fois, toucher, et elle la suit des yeux, cette lettre, ce dérisoire bout de papier, comme tout les jours, jusqu’à ce que le blanc se fonde dans la clarté éblouissante des cieux, comme tout les jours, comme toujours...

Alors, la veuve se détourne, usée par le monde, voûtée par les années ; elle se détourne et se résigne, retournant à son quotidien éthéré.

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