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    2. La génèse d’Eugène

Amaury RENADAZ

Nouvelles 13 octobre 2005
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Au commencement était un appartement, situé en plein cœur de Valence...

Emilie a été admise dans une école de Valence. Elle s’apprête à chercher un logement. Tranquillement, bien-sûr ! Elle a le temps et n’est jamais pressée. Après tout, c’est encore les vacances, et c’est tellement triste de préparer la rentrée...

Quelques jours après, un matin, Emilie se décide de passer à l’action ! Elle sait qu’elle va emménager avec son amie, parce que c’est plus simple comme cela, parce que c’est son amie. En plusieurs voyages sur Valence, un logement retient l’attention des deux filles. Il est suffisament grand, bien situé, refait à neuf et pas trop cher. Le soleil entre le matin dans la cuisine, le soir dans le salon. Emilie et son amie engagent les démarches pour habiter l’appartement.

Un matin, ayant du temps libre, Emilie décide de commencer son déménagement. Elle prépare les premières affaires à emporter, les empaquette, les dépose dans un grand carton. Lorsqu’un grand carton est plein, elle le met dans le couloir. Ainsi de suite, jusqu’à avoir assez de grands cartons pour les empiler dans la voiture. Lorsque la voiture est pleine, elle fait le trajet jusqu’à son nouvel appartement, et la vide sur le plancher encore désert de son nouveau salon.

Voici le moment du choix des pièces... Où sera sa chambre ? Pour la cuisine, le salon, les toilettes et la salle de bains, il n’y a guère de choix à faire. Mais le lieu de couchage est toujours une question délicate. Et là, Emilie se rend compte que l’appartement comporte une pièce où elle ne peut aller sans éprouver un pincement au cœur, une envie de sortir, un malaise certain. Une chose est sûre, cette pièce ne sera pas sa chambre ! Elle choisit la pièce juste en face pour y poser ses affaires. La vue est moins jolie, mais le soleil y rentre dès le début de l’après-midi. Et on s’y sent mieux.

Que se passe-t-il dans la chambre de sa collocataire ? J’y suis entré, je peux vous dire qu’on y éprouve une sensation étrange. Comme si les murs étaient trop serrés, comme si l’air y était plus lourd, la pesanteur plus importante. Le papier peint, pourtant neuf, donne l’impression d’une vieille tapisserie. Le soleil est comme retenu par la vitre.

L’appartement, comme je l’ai raconté plus haut, a été entièrement remis en état. Pourquoi autant de travaux ? Pourquoi avoir tout repeint, recollé, poncé, lustré ? Pourquoi avoir changé la tapisserie, les vitres, la tuyauterie ? L’immeuble n’a guère cinquante ans... Que s’est-il passé dans ces murs, quel malheur est venu frapper ce sol ?

Au cours d’une soirée à discuter de ces ressentis avec mon amie, j’en suis venu à parler d’Eugène. Le nom est sorti naturellement, comme soufflé à mon oreille par une présence cachée. Nous étions alors sur le canapé, et je me suis mis à conter la triste histoire de cet homme coincé dans les murs de la pièce maudite. Eugène vivait dans cet appartement quelques années auparavant. De façon très solitaire, il ne recevait le peu d’amis qu’il avait qu’occasionnellement. Un soir d’orage, la conversation qu’il tenait avec son invité tourna court. Ils en vinrent aux mains. Eugène se laissa surprendre, faisant confiance à l’amitié, et se retrouva sur le ventre, le crâne éventré, sa conscience se répendant dans un mince filet blanc, sanguilonant, coulant le long de sa chevelure. Dans ces pièces, un homme venait de mourir. Son corps sans vie fut caché dans les murs séparant la cuisine de la chambre. Ainsi, l’affaire n’a jamais pu être mis à jour. Personne ne fut inquiété, personne ne se rendit même compte de sa disparition.

Emilie me regarde avec ses grands yeux bleus. Je sais qu’en continuant, je risque de nous faire passer le reste de la soirée dans la peur, l’angoisse, à regarder derrière notre épaule, à se frotter le front, à rester prostrer dans un coin de pièce, bien calé entre deux murs pour avoir le plus grand champ de vision possible. Je n’ai pas envie de ça. On se déplace vers la cuisine. Au dessus du frigo, le mur adjacent à la chambre est mis à nu. Je passe ma main dessus, et tape avec ma paume. Ca sonne creux.

Je vais dans le couloir avec Emilie, et retente l’expérience. Le même son, aussi glacial, aussi mystérieux. Il y a du vide derrière ces cloisons. Nos pas nous ammènent dans la chambre. Dans le mur commun avec la cuisine, il y a un placard. Nous voilà rassuré. Pour un court instant. Nos yeux se détournent sur la partie du mur à droite du placard. Celle qui est adjacente avec le couloir. Toute cette partie est inaccessible, cloisonnée sur les quatre côtés. Elle est étroite, mais suffisament grande pour mettre un corps, à la verticale. En tapant sur les parois, le son creux revient hanter nos tympans...

Et si Eugène existait vraiment ? S’il était réellement enfermé dans ces murs ? Ceci expliquerait peut-être celà. Le mal-être ressenti dans cette pièce, l’effet de présence lorsque l’on se retrouve seul, la sensation d’être épié, et le froid qui nous glace le dos lorsque l’on y pense un peu trop.

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