Le sable est rouge, chaud. Quelquefois des reflets roses brillent dans l’ombre de la dune.
Alors surgit une étoffe bleue ondulante au gré des vagues et des poussières de silice, couverture magistrale de l’homme sans visage. Dans la fente de l’habit, deux yeux subtils, perçants, brillent dans le soleil nomade et la monture, sublime vaisseau du désert, blatère.
L’homme maintient l’animal, les paumes installées fermement mais calmement sur la croix de sa selle. Le sabre finement travaillé oscille également sur le flanc de la bête, œuvre d’art martelée avec patience par le mâlem de la caravane.
Les yeux de l’homme bleu ne quittent pas l’horizon infini à la recherche d’une ville fantôme, une ville où le marchand paiera en échange de quelques pièces et d’un peu de céréales les briques de sel difficilement arrachées à la terre. Il ne parlera pas sauf pour le salut d’usage et les incantations à Dieu cependant il sait qu’il est exploité tout comme les autres Ibarogan du Sud mais qu’importe, après tout le sel ne dit pas qu’il est salé.
Alors heureux de son sort, il s’installera dans la Ksour au soir qui monte. Dans la nuit étoilée de milliers d’étincelles dorées, il fixera encore l’horizon et toute la fierté et la sagesse se refléteront dans l’éclat vif des prunelles du Seigneur du désert, le Touareg !
Au loin dans les ténèbres, une étoile filante glissera du ciel jusqu’à la grande dune comme une estafilade dans les nuées obscures...