Je la retrouverais

Une porte devant moi. Que faire ? Il suffirait d’un pas, d’un geste. La pluie inonde de goutte de cristal ce calme chant d’espoir qui s’évade des parois du vide. Sous la porte, un rayon de lumière vacillante, tout comme moi, entre le désir d’illuminer la vie et de lui donner sa couleur et celui de se laisser doucement défaillir pour disparaître à jamais ne laissant derrière ce « je », qui me poursuit depuis ma naissance, qu’une légère fumée au parfum de tous ces anniversaires passés sans jamais avoir été présente.
Un pas, juste un pas. Est-ce si difficile ? La mélancolique mélodie qui s’échappe des doigts d’un ange frappe mon âme comme les marteaux du piano. Cette sensation m’est si familière et pourtant, à cette instant, sous cette pluie, devant le miroir de mon futur, j’ais l’impression que je commence la fin de la longue et fuyante éclipse de mon châtiment. Là, devant ma propre existence, je ne peux qu’excuser encore une fois, ce long trajet dans l’ombre d’une nuée d’éclair rougeoyant.
Vais-je faire ce geste ? J’en suis encore à me le demander. Le temps, berger diabolique des blessures salées, n’as tu pas jeté sur sa pureté ton manteau noir et glacé ? J’ais cherché si longtemps dans la pénombre du soleil couchant, le secret de ce manque. Ma joie brisé, mon bonheur arraché, toi petit ange, séparé depuis tant d’années. Si près de toi maintenant, j’ais le sentiment de n’avoir jamais été aussi étrangère à ton cœur. Entre ma vie et la tienne, petite flamme dansante, qui de nous deux fut l’oubli ?
J’ais fait le pas, j’ais fait le geste. Est-ce par la pluie ou par les sueurs froide, au moment ou j’ais senti le contact du bois sous mes mains, qui font de cet être qui n’est qu’absente, et que je dois encore appeler moi, que chacun de mes membres, comme secoués par un de ces démons des souvenirs, se sont mis a grelotter ? j’entend du bruit, des pas, la poignée tourne lentement sur elle même. Le clic annonçant l’ouverture retenti tout à coup dans le silence environnant me faisant l’effet d’une illusion déchu. Je ne peux attendre plus. Déjà une main apparaît de l’autre coté de la porte. Que fais-je ici ? Je ne peux rattraper ma vie en ruine. Une solution, une seule me vient, courir, m’enfuir et ne plus m’arrêter, jamais. Courir vers l’avenir pour fuir les souvenirs.