Août 1991, Sur les hauteurs de Bukowar, dans le calme tranquille de l’été, la grand-mère de Gorand à cuit le cochon de lait. Doucement, Stéphane a bu les lèvres de Céline, sous les étoiles l’amour est éternel.
Dans la voiture qui revient d’Orly où elle est venue les attendre, Nanou écoute une larme de joie perler sa voix, la grande battisse, les vélos, grand-mère, Gorand, Céline, Stéphane, la vie.
1994, fin du sursis, Stéphane refuse que Jean demande à Pauline une dispense, l’armée cherchent de jeunes hommes parlant yougoslaves, les forces de paix sont engagées en Bosnie.
Médecin des hôpitaux de Paris, Céline est déjà partie pour Sarajevo.
L’armée yougoslave est dissoute, Gorand devenu Goranne est colonel dans l’armée serbe.
Hauteur de Bukowar, ligne de démarcation. Uniformes et salut militaire,Goranne s’exprime en yougoslave, Stéphane mécaniquement traduit ;
Qu’es-tu donc venu faire dans ce conflit qui ne te concerne pas ? Pourquoi cette haine des musulmans ? Pourquoi ce regard de mort ? La grande battisse, grand-mère, Marc, Lela, Aïcha, les vélos, le cochon de lait ici a vingt mètres ! . Incantations inutiles, futiles, Goranne est venu prévenir, les militaires français doivent se retirer derrière les collines, demain Goranne bombarde Bukowar.
Raide dans l’histoire, le colonel français accepte.
Ce matin là, sur le marché, Céline incrédule regardait ses jambes perdues sous les amas de haricots de l’étale. La deuxième roquette l’avait fauché, alors qu’elle se penchait sur la marchande ensanglantée.
Jean peste derrière la porte de la salle de bain, « Nanou dépêche-toi, deux heures pour te préparer, nous allons être en retard, Pauline est ministre nous ne pouvons pas la faire attendre »
Nanou frissonne, est-ce pour ces premiers cheveux blancs ? La radio annonçe, Bombardement Serbe sur Bukowar, Le marché touché.
Dans la grande chambre blanche, les journalistes sont enfin partis, la foule du 20H écrasera une larme et oubliera.
C’est Pauline, femme de convictions qui à épinglée la breloque républicaine sur le corps mutilé de la jeune fille de 25 ans.
Désœuvré, ridicule, Jean souri tristement, merde.
« Pauline, comment peux-tu encore y croire ? Tombe le masque, as -tu encore ce grain de beauté sur la fesse droite ? »
Doucement Pauline prend la main de Jean et donne congé à son chauffeur.
Tournée des bistros, oubli impossible dans l’alcool, baise sauvage de Pauline dans le petit hôtel borgne. Les corps exultent dans les têtes fermées.
Déjà le matin, Pauline se rajuste, le ministère l’attend, insertion, chômage, 35 heures, intégration...
Epilogue.
Nanou est restée à Paris, soirées, cocktails, gala, fidèle à Jean, jamais elle ne prit d’amant. Parfois elle se force à pousser la porte de la grande chambre blanche.
Goranne, redevenu Gorand vend les voitures de la grande usine au Québec.
Stéphane n’a pas trouvé le courage de marier Céline, il est Directeur des ressources humaines au siége parisien de la grande usine.
Pauline a perdu les élections, le parti reconnaissant lui a offert une place de députée européen.
Le Procureur de la République, jeune magistrate fraîchement sortie de l’école, sermonne durement Jean.
« Comment vous un homme connu, ancien conseiller économique, parfaitement inséré, garant de la loi avez-vous pu gifler un huissier de justice ? Les décisions de justice sont faites pour être appliquées. _ Monsieur le Président je réclame une peine exemplaire, si nous tolérons de tels actes, comment pourrons-nous faire accepter le droit dans les quartiers »
Jean hausse les épaules, Jean refuse son avocat commis d’office.
Dehors ses copains SDF, l’attendent.