Cela faisait plus de trois lunes maintenant que Faucon Agile marchait seul. Depuis qu’il avait quitté la tribu, il savait qu’il était une proie facile et il avait remarqué depuis déjà plusieurs jours ce grand loup gris qui le suivait à distance.
Ainsi il avait veillé des nuits, écoutant le moindre bruit, le moindre souffle de feuille, le moindre craquement de brindille, des nuits à observer les étoiles pour connaître le bon chemin, pour invoquer les Dieux, pour survivre.
Il avait promis des vallées fertiles, de la nourriture pour tous et il se sentait coupable maintenant d’avoir abandonné les siens.
C’est en franchissant un gué qu’il se rendit compte qu’il n’était plus seul. L’autre solitaire était sur la rive, face à lui, hésitant.
Leurs regards s’accrochèrent et il comprit que le vieux loup était pareil à lui, inoffensif et désespéré.
Alors il s’accroupit face à l’animal et lui tendit la main. La bête eut un brusque sursaut de recul, puis doucement sa truffe s’approcha de l’index. Lorsqu’elle toucha le doigt, Faucon Agile put caresser le compagnon de route.
C’est à cet instant que l’éclair rouge troubla la vue de l’indien. Un jet de sang gicla sur le pelage du prédateur.
Saisissant dans sa gueule les cheveux de l’homme rouge, le loup entraîna sa proie au loin.
C’est ainsi que les restes de Faucon Agile retrouvèrent dans l’ossuaire, Bison Redoutable et Cheval Fougueux.
Le loup avait aussi promis à sa tribu de quoi manger pour tous.