Il y avait cette vieille qui gênait l’aîné.
Cette vieille qui ne savait même plus qu’il était en vie.
Et ce grand lit qui avait vu naître leurs existences sans que la mère puisse imaginer qu’un jour, qu’une nuit elle y mourrait.
Il y avait tous ces arbres comme autant de poumons offerts aux pulmonaires, ces arbres jaunes, vaincus qui pleuraient les nuages gris et noirs de la vie, les nuages de la mort.
Il y avait aussi des lendemains tristes de pluie qui sanglotaient comme la femme pleure son mari, enfin il y avait toutes ces étoiles qui jonchaient la terre comme le ciel abrite tous ses destins et toutes les amours perdues.
Enfin il y eut cette nuit qui se déchira laissant apparaître le soleil des antipodes.
Dans le lointain elle entendit, voguant sur ses rayons pâles, les chants tribaux des grands guerriers aux lances dressées vers les nues et elle fut aspirée vers le néant.
La bougie vacilla, s’éteignit.
Dans l’absolue noirceur des ténèbres, la mère venait de rejoindre les siens.