Je referme doucement la grille de fer forgé qui se plaint. Et je marche sur mes pas dans l’allée bordée de chênes dans cet hiver automnal.
Lui, je l’ai laissé là bas, comme on me l’avait dit et demandé, juste comme ça !
Je l’ai vu, oui vu, dans cette boîte de bois, allongé de tout son long avec son costume démodé et sa cravate au nœud trop serré. J’ai vu ses paupières qui n’existaient plus s’entrouvrir et ses yeux vides me fixer dans un froid blême.
La brume s’élève maintenant en fumée et je pousse mes pas sur la terre d’argile, je pousse mes pas sur sa terre à lui, je pousse enfin mes pas sur une feuille morte brune de fatigue.
Une biche coupe l’allée et me regarde instinctivement. Elle a lu dans mon regard ma tristesse.
Alors la forêt se fait pénombre et un rayon de soleil inonde la clairière.
Je baisse la tête et je pleurs.
Ou es-tu mon père ?
Moi qui me désespère.
Douce est ta musique
Triste est cette musique.
Vois le faon qui déboule
Dans la clairière inondée
J’imagine qu’ourlent
Des rayons magiques
Sur ton être décharné
Puissants et mythiques !