La colère prend possession de moi encore, et mon corps se retrouve souillé par elle, incapable de lutter et dont l’envie s’en échappe sans qu’elle ne puisse trouver racine ailleurs, si ce n’est dans l’absence et je reste seule avec mon envie de tout casser et de tout envoyer se fracasser contre n’importe quoi, pourvu que cela me défoule.
Puis une parole se joint à toutes les autres qui me poussent à l’extériorisation de toute cette haine que je porte en moi et que j’intériorise jusqu’à ce que tout déborde et parte dans tous les sens, dans ces objets sans valeur que je détruis avant de les pleurer et de regretter mes gestes et mes paroles, et une colère inutile qui s’en sera allée...
Mais que faire, ou que dire d’autre sinon que je n’y peux rien, et glisser à terre sur un son de piano et pleurer ces blessures de mon âme et me demander, en levant les yeux plein de larmes au ciel, ce que l’on pensera de moi et pourquoi j’agis ainsi sans désir de me contrôler ou de laisser ma raison reprendre le dessus, et m’entraîner vers la lumière une fois de plus, là où est ma place véritable.
Et la pluie tombe, et ma colère s’en va, et le bruit du piano s’estompe, encore aujourd’hui. Non, ce n’est pas pour demain, ma crise de folie, et je ne crains plus rien sinon l’absence ; qui seule me mènera à la potence et ma fin sera une délivrance pour moi uniquement, pauvre égoïste incapable de trouver la sérénité et seulement apte à se réfugier dans une colère infondée.
Pourquoi ais-je hérité, en plus de leurs valeurs d’aristocrates, de ce tempérament qui ne fait que me détruire jour après jour, qui me fait me demander chaque seconde qui sera assez patient pour m’attendre, pour m’aider à rester calme et me servir de paratonnerre et ôter de mon esprit ces pensées qui ne servent à rien sinon à témoigner d’une étrange envie de désirer chaque jour un peu plus, et ne pas tenir compte de ces barrières qui m’enserrent le cœur, que cette mélodie tumultueuse puis douce à mon image dénouent peu à peu.
La colère s’en est allée, et je repense à ces instants de faiblesse qui ne doivent plus exister et que je me dois de chasser par ma seule volonté ou ma raison qui ne prennent encore pas assez de place en mon esprit corrompu.