Ce matin, je la veux blanche presque argentée.
Ce matin, je vais mettre mes plus beaux habits, ce matin, je ne veux pas que l’on me voit quitter le manoir, car ce matin est un autre jour.
Seule, la femme de chambre m’aide au maquillage.. Un peu de poudre sur le visage, juste à peine pour me donner l’air blafard.
Je quitte la demeure.
Non ! ...
Ne pas se retourner....
La calèche s’enfonce dans les rues pavées et luisantes de la ville, puis, dans les sentiers boueux de la campagne. La brume côtoie les nuages, comme l’âme, l’éternel..
Ce matin sonne comme un soir. Au travers de la vitre, je me vois, je caresse doucement une de mes boucles...blanche !
Ma main frôle mon visage, sage, et je frémis.
Entre deux petits bois, des hommes en noirs attendent, debout, rigides. Un corbeau s’envole cassant le silence et la brume.
Lui est là ! Fier ! Fier et Rouge !
Nos dos sont chauds !
Trois quatre...
Ma tête tombe sur le velours vert de la prairie, elle tombe et mon unique coiffure glisse le long de mon crâne, mon crâne lisse et déjà froid, un bouton rouge au milieu du front, ce plomb !
Ce plomb blanc et argenté qui vient de m’assassiner.