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Saskia

Nouvelles 1er août 2007
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Parfum de mon enfance

Etrange impression.

Couloirs familiers, mêlés aux odeurs douces amères de l’enfance, résonnant encore de leurs rires ou de leurs disputes, de la chaleur familiale, des soupirs, des pleurs et des caprices.. A chacun de ses pas, un souvenir de plus qui surgit, un écho qui résonne, un bout d’elle même qu’elle a laissé à la garde des objets familiers, un de ces petits cailloux blancs qui font de notre existence un de ces colliers disparates qu’on ne peut pas se résoudre à jeter.

Ici, sa mère qui parle des heures au téléphone, assise au milieu du couloir et qui l’empêche d’accéder à la toilette. Là, son frère qui se tient debout sur le tapis pour qu’elle puisse aspirer. Cette porte, au fond du couloir, qui claque sur sa mère et sa cousine, les pleurs de protestation et les cris de colère qu’elle entend malgré tout. La fenêtre avec la balustrade, à laquelle elle se penchait pour sentir le vent, avant que les adultes ne protestent à grands cris et grands gestes. Les heures à faire, défaire, refaire les lits. Le bruit de la mer. La montagne de pistolets encore chauds du four du boulanger, la bataille pour les croissants. Les heures passées à chercher des coquillages sur la plage, à négocier les fleurs en papiers. Le trou empli de méduses, les trois murailles des châteaux de sable pour ralentir la mer. Les heures devant la TV le matin.

Les souvenirs continuent de se déverser dans sa tête, malgré elle. Le froid du carrelage qu’elle devinait à travers ses baskets, le vent qui soufflait à l’extérieur et qui devait soulever les sables, ébouriffer les cheveux. Les volets fermés. Elle secoue la tête, hume une fois encore, une fois de plus, l’odeur encore vivace de son enfance. Est ce soudain les murs dépouillés, les pièces vides qui l’étouffent ? Le sol nu, les volets clos qui la chassent ?

Elle s’enfuit, ferme la porte. Le claquement résonne dans la cage d’escaliers, elle n’y fait pas attention ; le vieux concierge n’est plus là pour protester. Une marche après l’autre, quitter. L’ancien ascenseur ne fonctionne plus depuis longtemps, elle ne se cognera plus la tête sur le téléphone suspendu à mi hauteur de ses murs, elle ne jouera plus à sentir défiler sous ses doigts les portes des étages. N’y pense pas.

Elle sort enfin de l’immeuble, sans un regard pour le miroir dont elle sait que la fixation inférieure gauche n’est pas solide, sans prêter attention à la poignée de porte qui a toujours été un peu dure à faire plier, sans sentir le paillasson qui a si souvent nettoyé ses pieds nus d’un peu de sable, pour ne pas trop salir le couloir. Non, elle n’a pas un regard pour la boite au lettres dans laquelle on ne mettra plus jamais les clés, le miroir, la porte, le paillasson.

Pas plus qu’elle ne prête attention aux larges bulldozers qui vont enfin pouvoir commencer à travailler.

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