Aventure ? Grand mot pour un voyage d’un week-end dans le sud. C’en fut pourtant une pour moi. Je n’avais que rarement voyagé et jamais seule. Le matin, à huit heures cinquante deux, pour être précise, j’ai pris le train de Cherbourg- Paris. N’ayant pas mis mes lunettes par coquetterie, j’ai eu quelques difficultés à trouver ma place. Deux voyageuses m’ont aidé et, je me suis installée. J’essayais d’écrire quelque mots sur un cahier mais ce n’était pas facile, j’avais le dos contraire à la marche . Lire ? Non, je ne pouvais pas non plus. Je me suis contentée de regarder un peu le paysage après Lisieux. Avant, Je connaissais. Je n’ai aperçu les toits de chaume des maisons à colombages que dans le Pays d’Auge. Je ne sais pas si elles existent à Caen, je n’en ai jamais vues.
Arrivée à Paris, je me suis dépéchée de prendre le métro avec, la trouille au ventre . Enfin ! J’ai trouvé la Gare de Lyon. Tout en cherchant sur les panneaux, le quai pour le TGV, j’ai téléphonné à mes enfants pour les rassurer. Le TGV, train à grande vitesse, m’attendait quai I . J’ai pris le temps d’y accéder, d’oter ma veste et de m’asseoir. Malheureusement, là non plus, je n’étais pas dans le bon sens . La prochaine fois que je partirai, je demanderai à la SNCF une place dans la bonne direction. Je ne savais pas que je pouvais bouger et m’installer ailleurs dans le compartiment s’il y avait des sièges vides et puis, il me fallait réveiller mon voisin . Je n’osais pas. A côté de la fenêtre et en duplex, j’admirais les paysages. Que dire des paysages ?La beauce d’abord, plat et triste, je n’aime pas. les dômes du Massif Central me sont apparus ensuite, bien verts malgrès la sécheresse. Les villages changeaient d’aspect au fur et à mesure que l’on reculait. Euh non ! Que l’on avançait...A peine le temps de se faire à ces montagnes d’autres se sont présentées à moi, plus hautes, plus pointues, les Alpes. Je vous avais prévenu, ça va vite, très vite. Les maisons aux murs ocre brulée ou ocre jaune, Les toits rouges ou rosés à cause du soleil de plomb courraient devant mes yeux émerveillés. Je tournais la tête pour mieux voir, au risque de me la... briser . Marseille, la Méditérranée au bout de trois heures de voyage . Quinze minutes de pause. Je suis descendue sur le quai pour fumer une cigarette. Tu parles, deux bouffées et je suis remontée titubante sous la chappe de plomb. Irrespirable dehors. Le train a redémarré en marche... avant cette fois. Je ne pensais à rien, je regardais. Je suis passée à Séte, le village de Georges Brassens. Le temps d’avoir une larme pour lui, nous sommes arrêtés à Toulon. Terminal. Je suis descendue tranquillement en regardant s’il y avait quelqu’un qui m’attendait.Cool ! J’étais cool ! Je n’avais jamais imaginé que l’on m’ait oublié et puis j’avais pris le numéro de téléphonne de l’hotesse. En cas de problème , je l’aurais appeler, c’est tout. Au bout du quai, près de la porte , sur une feuille tenue par une charmante dame, mon nom était écrit. Je me suis approchée, le sourire aux lèvres, je me suis présentée, elle aussi.