La vieille ville de Bruxelles. Ses nombreux bars, son dynamisme, ses rues pittoresques et étroites. Un petit appartement situé au dernière étage d’un immeuble ancien. C’est là, dans ce lieu, que se tient la scène de mon récit.
Après avoir gravi les escaliers chancelants, on entre dans la pièce principale, la seule pièce. Une odeur de renfermé et de mauvaise cigarette se fait rapidement sentir. De la poussière sur des livres ouverts, des toiles d’araignée à la fenêtre, il est loin le temps où ce local a été aéré.
Accrochées aux murs, des rangées de livres qui font depuis bien longtemps figure de tapisserie. Au centre de la pièce, un bureau en désordre sur lequel on distingue une feuille blanche griffonnée et, posé dessus, un crayon à papier mâchonné. Le tic tac de l’horloge donne à l’instant présent un côté sinistre et intemporel.
Malgré la lumière du jour, la pièce reste dans la pénombre. Derrière les carreaux sales de la fenêtre, la seule qui donne sur le ciel bleu, on peut distinguer le soleil à travers les nuages. Ce soleil qui se désespère à entrer pour redonner des couleurs à ce logement défraîchie et humide.
Un cendrier plein, une poubelle qui déborde. Une personne a vécu dans ce lieu. Un écrivain peut-être. Quelqu’un de fatigué en tout cas, au bout du rouleau sûrement. Nous savons tous que les aléas de la vie peuventt nous conduire à nous isoler. Nous isoler pour trouver l’inspiration, se protéger ou se punir.
Dans ce logement vit Pierre, écrivain rêveur, poète et travailleur à ses heures perdues. Et face à lui cette maudite page blanche qui le défie depuis des jours. S’il n’avais pas à finir ce poème ... Ce poème qu’il doit faire publier sur la Plume ... Sinon, il ne serais plus là. Là enfermé dans ce taudis.
A travers les carreaux, les bruits de la rue le rappelle à la réalité. Il voudrais tant vivre au grand air, se promener dans le parc si proche. Rencontrer des gens, boire un vrai café à la terrasse d’un bistrot loin d’ici, loin de ce petit monde. Ce petit monde dans lequel il s’enferme pour retrouver cette inspiration qui lui joue des tours.
En levant les yeux, la photo de sa femme Julie le défie du regard. Faute de téléphone, il devrais lui écrire quelques mots doux pour lui dire combien il l’aime. Il voudrais vraiment revoir son sourire, ses beaux yeux et la chaleur de son cœur.
Mais il y a ce maudit poème qui le cloue à ce bureau. Ce texte à éditer demain sur le web. Et ce mal de dos qui lui rappelle son âge et que le temps passe. Ce temps qui s’écoule rythmé par les gouttes d’eau du robinet qui fuit ... lui aussi !
Aura t’il le courage de se lever, de la rejoindre, de vivre sa vie réellement autrement que par correspondance ...