A la radio, j’écoute l’histoire, d’une oreille. La voix me paraît alors trop lente et essoufflée comme dans une recherche perdue d’avance du meilleur pour éviter la triste fin inéluctable. Bercé par le timbre monocorde, j’aperçois les jardins et leurs arbres au têtes tranchées. Ils semblent respirer encore du peu d’espoir de ressentir la poussée et d’embrasser le vent pour éviter l’album en noir et blanc qui les attend.
En les regardant, j’aimerai vivre cent ans, suspendu à veiller sur la nuit sombre, pour tenter de savoir si son réveil est bien une aube parfumée. Comme dans ce rêve ou sous un soleil matinal, disparaissaient les jours fichus d’avance ou nous n’existions pas encore.
Mais le temps présent fait déjà partie des sons passés. Pourtant, il alimentera les prochaines histoires éternelles à partager et une fois retournées dans le miroir elles apparaîtront identiques.
Dans un écho presque ténébreux, le conteur termine ainsi : « Laisse moi me parler encore pour me souvenir de ta voix quand je ne serai plus. »
J’éteins la radio. Ce soir le ciel est vert, je sais que ce sont tes yeux qui s’y couchent, en sautant par la fenêtre je te rejoins enfin.