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Delphine Lemaire

Nouvelles 25 mai 2006
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Hommes réels pour qui le désespoir
Alimente le feu dévorant de l’espoir
Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l’avenir.
Paul Eluard.

Ils ont marché des jours et des jours, dans le froid, dans la tempête, n’ayant pour seul but que celui de survivre, unis et solidaires.
 
Depuis que la terre s’était recouverte de givre et que le ciel s’était obscurci implacablement, ils avançaient vers la terre promise, loin des ténèbres, loin de la colère divine.
 
Les visages étaient fermés et nul n’osait parler de peur de rompre le silence tacite qu’ils s’étaient imposés pour ne pas gaspiller leurs dernières forces. Parfois, certains trébuchaient sur une pierre et se laissaient tomber d’épuisement, alors, d’autres les relevaient, les soutenant pour poursuivre leur ultime et inexorable voyage vers la vie.
 
Il y avait déjà des années que plus rien n’allait, les hommes hostiles aux hommes s’entretuaient et laissaient dériver leur esprit démoniaque dans des crimes barbares et primitifs, jusqu’à ce jour maudit, apocalyptique où la prophétie s’était enfin réalisée.
 
Le soleil s’était éloigné de la terre plongeant ainsi les survivants dans la nuit éternelle, le peuple des ombres avait vaincu l’espoir et seuls quelques uns s’étaient alliés, essayant de lutter contre le destin funeste qui s’acharnait.
 
Une femme mourut et ses compagnons de route arrêtèrent leurs pas et s’agenouillèrent. Las et pitoyables, ils se donnèrent la main joignant leur âme en une supplique désespérée, les yeux emplis de larmes.
 
Mais soudain, alors que leurs voix s’unissaient dans une prière de paix, un souffle puissant écarta les nuages et le soleil brilla à nouveau réchauffant de ses rayons la terre stérile, redonnant vie à la vie.
 
Sans le savoir, ils venaient d’apporter la réponse qu’IL espérait.
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