Au bal des divorcés, pendant que les danseurs oubliaient leur déjà-vécu au bras d’une déjà vue, nous nous sommes rencontrés. De nos ex, de nos baux rompus, essayant de diluer les grumeaux du passé, nos cœurs se sont confiés. La soirée a filé, mes doigts n’osant s’aventurer devant ses yeux désabusés. Gestes suspendus sur un air connu, magie rompue car on avait déjà donné.
- Vous m’appellerez ? Elle, craintive.
Nos téléphones se sont échangés, comme une formalité.
- Je vous le promets ! Moi, menteur.
Sa silhouette s’est effacée, je ne l’ai pas raccompagnée, simple pensée de l’embrasser vite refermée, assez de clichés, nous nous sommes séparés.
Au bal des divorcés, je n’aurais pas dû aller, juste conserver un bout de papier et un numéro griffonné. Sur un banc je me suis allongé, j’aurais aimé rêver. La pluie s’est invitée, mes larmes s’y sont noyées, l’encre a coulé et de mes doigts le futur s’est effacé.