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Claude Braize

Petits Romans 28 août 2013
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Il y a longtemps, j’étais jeune alors, pour parfaire ma carrière, j’allais de ville en ville. On me téléphonait pour me dire qu’on avait besoin de moi ici ou là et je prenais le premier train en partance avec ma petite valise. J’arrivais le soir, me présentais au travail, faisais le tour des murs puis dînais à l’hôtel, souvent celui de la gare, avant de dormir pour me lever tôt.

Des Hôtel de la Gare, j’en ai connu des dizaines. Ils étaient tous pareils quand j’étais jeune. Ils ne coûtaient pas cher. Moi non plus. Les chambres n’étaient pas belles et les lits peu confortables. Il n’y avait jamais la télé et, la plupart du temps, les sanitaires étaient communs sur les paliers.

Un jour, à Villefranche, j’arrivais sous l’orage et il ne cessa de pleuvoir le temps de mon séjour. L’Hôtel de la Gare de Villefranche était le plus minable, le plus médiocre, le plus merdique, que je rencontrais. Décrépis, sombre, il sentais l’encaustique chimique, l’eau de cuisson de chou et les égouts. Le matelas tentait une évasion au milieu du sommier, les lumières étaient jaunes, comme les taies des oreillers. Un vieux fauteuil pourrissait près de la fenêtre. J’avais vue sur un parking ou croupissaient flaques et véhicules. Dans un coin, derrière un paravent mité j’avais un lavabo crasseux surmonté d’un miroir piqué.

Fatigué, j’ouvris la fenêtre et je fumais, engoncé dans le fauteuil, finissant avec peine mon polar du train.
A l’heure du souper, je mangeais étonnement bien, copieusement, avec du goût. Puis je remontais commencer une nouvelle Série Noire avant de dormir.

Je n’avais lu que quelques pages lorsqu’on toqua à la porte et j’ouvris sur une très jolie fille en pyjama.
- Excusez-moi, on m’a dit que vous avez un lavabo...
- Qui vous a dit ça ?
- En bas. J’ai besoin de me brosser les dents et les salles de bains sont fermées, avec peut-être quelqu’un dedans depuis des heures. A moins qu’elles ne soient hors-service ?
Je la laissais entrer. Elle se glissa derrière le paravent et, discrètement, elle se frotta la bouche durant les trois minutes conseillées. Elle me remercia une fois encore et sortit.

J’attendis en lisant l’arrivée d’autres clients mais personne ne vint. Je me déshabillais et me glissais dans les draps rêches.
Pourtant, étrangement, ma dernière pensée du jour, ma dernière sensation, pendant que la pluie continuait de laver la terre et que tout s’écroulait alentour, fut de me sentir privilégié, riche, d’avoir au moins un lavabo dans un coin de ma chambre.

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