Il me dit : « A quoi penses-tu ? « C’est à moi qu’il s’adresse ? Je pensais qu’il lisait son journal, le chat blotti sur ses genoux, ses petites lunettes au bout de son nez ; mais son regard bleu me fixe.
Je pensais à mes années à venir, mes heures passées et mes instants présents.
Ce feu de cheminée qui crépite, cette douce chaleur envahissante, ce calme prenant, cet amour intense, ce bouquet de fleurs odorantes sur le guéridon, cette maison dans la nature clôturée de silence, le chien dormant paisiblement dans son panier, ce coussin contre mon ventre, enlacé par mes bras, le chat qui ronronne sur ses genoux, la musique douce.
A ma vie d’avant, trépidante, course folle contre ma montre, emplie de doutes, d’angoisses et de peurs, de repli sur moi, de solitude, d’attentes sans fin, d’espoirs perdus, de nuits éveillées, de matins tristes, de repas en tête à tête avec le miroir, de chien perdu .
Et je pense à demain, notre maison, les voyages, les rires, les mains entrelacées, les sourires complices, les nuits sans fin, les enfants dans le jardin, vieillir ensemble.
Je pensais au bonheur.
« Et toi, à quoi pensais-tu ? » « A toi, tout simplement, mon bonheur »