Que restera t’il de ta vie quand la grande dame viendra et t’enveloppera de son manteau de brume, quand le givre recouvrira ta peau et que ton regard comme un animal mort se figera à jamais dans l’horizon perdu de ton avenir ?
Que restera t’il de toi quand ton souvenir avec moi s’éteindra et qu’il ne perdurera que cette apparence trompeuse de ce que fut ta vie, ce miroir à double reflet qui ne montrera plus ton âme superbe et ta douce folie ?
Que restera t’il de tes yeux quand la neige endormira ton corps, psyché immobile qui renvoyait ton cœur, où le feu qui brûlait consumait tout sur son passage et où l’azur inondait le soleil de ton essence ?
Qui tentera de te redonner vie, en posant sur ton front la rose de ses rêves, et sur tes lèvres gelées le souffle chaud de son amour ?
Qui insufflera à tes veines la force vive qui te redonnera le courage de combattre et de survivre, celui de revenir à l’existence ?
Qui prendra dans ses mains tes mains ouvertes, plongées à l’infini dans le vide de l’absence et dans le souvenir de tes désirs passés ?
Qui criera ton nom dans le vent pour toujours évaporé et le gravera dans la pierre noire de la terre lointaine de notre solitude ?
Que restera t’il de toi quand tes mots et ton rire se tairont laissant place à la paix glacée de ton morne absolu ?
Que restera t’il de toi, quand tu laisseras par ton absence le vent de l’hiver éteindre ta flamme et qu’il t’emportera pour toujours et à tout jamais au royaume du silence... ?