Le portail grince sur ses ferrures rouillées.
La pierre est bien froide et le vent cinglant
Gifle de son haleine les allées endeuillées,
A l’heure où disparaît un soleil sanglant.
Ma mère au chaud de moi, je mesure mes pas
Jusqu’à la dalle grise à la croix inclinée.
Aujourd’hui c’est sa fête et elle ne peut pas
Sourire à son garçon, cruelle destinée.
Voici bientôt six ans qu’ici elle se repose
Prolongeant un sommeil qui tous nous atterre,
Sous les regrets figés et les bouquets de roses,
Souvenir d’un amour trop tôt porté en terre.
Vivante lumière des jours de mon enfance,
Je l’ai embrassée autant que faire se peut.
Abîmée par la vie, l’âge et la souffrance
J’ai appelé sur elle l’ombre des jours heureux.
Et voilà où j’en suis dans le jour qui se noie.
Réduit à me trouver, triste et larmoyant,
Sans l’éclat des ses yeux, sans l’écho de sa voix,
Offrant quelques fleurettes au coin du bois dormant.