Entre les deux gaves, d’Oloron et de Pau,
Se niche un village, un lieu de grand repos.
Les maisons sont groupées autour d’un monastère,
Aux murailles ruinées, au parfum de mystère.
Jadis les pélerins emplissaient les auberges,
Et au lever du jour, se pressaient sur les berges,
Pour être les premiers à louer les services,
De bateliers brigands aux cœurs pleins de malice.
Au fil des époques grandit ainsi l’histoire
D’un village malsain, passage obligatoire,
Où l’on pouvait croiser un moine ou un gredin,
Et où se mesuraient bourdons contre gourdins.
A quelques lieues au Nord, aujourd’hui, un grand pont
Enjambe sans façon, le gave d’Oloron.
L’ouvrage de béton détourne vers là bas,
Le flot de voyageurs marchant vers Ostabat.
Sordes est malade et lentement se meurt,
A l’écart du chemin, sans éclat ni clameur.
Comme un sable mouvant, son passé l’engloutit
Et referme sur lui le linceul de l’oubli.