En passant le Vauclin, derrière Coulée-d’or
Au détour d’un chemin, se blottit un trésor.
Entre des bananiers, un jardin caraïbe,
A l’ombre d’un jaquier timidement s’exhibe.
Sur un ancien boucan, d’un âge révolu,
Binant et repiquant une doudou résolue
Avec des arbustes, des fruits, quelques radis,
A composé sans bruit un coin de paradis.
Des fleurs, en bordure, entourent la parcelle,
Où les vives couleurs s’octroient la part belle.
Des roses porcelaine et de grands balisiers,
S’exposent sans gène près d’un bougainvillier.
Les grands abricotiers mélangent leurs ombrages,
A deux cacaoyers dont les sombres feuillages
Cachent des cabosses d’un beau jaune doré,
Eclosions précoces de la zone arborée.
Un piripi mutin quittant les citrons verts,
S’envole cabotin vers les prunes-cythère.
Plus loin un colibri observe les mombins,
Qui font en clafoutis le bonheur des bambins.
Des carottes poussent le long des caféiers,
Des patates douces, de petits pimentiers,
Se mêlent au manioc et aux lourds giraumons
Dont les feuilles bloquent un groupe de melons.
Près d’un mandarinier aux fruits à peine mûrs,
Un jeune papayer projette vers l’azur
Son curieux panache de feuilles céladon
Sous lequel se cachent des œufs verts et oblongs.
Des papillons bleutés volent de fleurs en fleurs,
Empli de volupté, oubliant les langueurs
Du climat antillais. Car au jardin d’Eden,
Les jours ensoleillés très lentement s’égrènent.